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Au hasard heureux : destins croisés et amitié surprenante

Mehtap Teke, Au hasard heureux, Viviane Hamy, 10/01/2024, 1 vol. (213 p.), 19,50€

En Arabe, le prénom Hiba signifie « cadeau de Dieu ». Lorsque Adélaïde, héroïne et narratrice du roman Au hasard heureux de Mehtap Teke, rencontre, sur le seuil de son immeuble, une sublime femme ainsi prénommée, elle est immédiatement happée par ce cadeau inattendu que la vie semble lui offrir. Jusque-là, Adélaïde est une jeune femme un peu perdue qui a laissé, à Paris, ses rêves artistiques après avoir échoué au concours d’entrée des Beaux-Arts. Par désœuvrement, elle a saisi une opportunité qui n’en est pas vraiment une en rejoignant, à New York, un ami parisien au sein d’un cabinet de graphistes où ses journées s’épuisent d’ennui à créer cartes de visite ou d’anniversaire. Vaguement malheureuse, elle erre dans la ville qui ne dort jamais, partageant son temps entre un travail qui ne lui donne aucune satisfaction et un petit appartement dans un vieil immeuble de la 28e rue, au cœur de Manhattan.

C’est donc au pied de cet immeuble et par un gris matin de pluie que le miracle s’opère sous la forme d’un coup de foudre amical qui ressemble, presque en tout point, à un coup de foudre amoureux. Hiba est grande et belle, ses yeux vairons fascinent Adélaïde qui, comme tous ceux qui croisent le chemin d’Hiba, tombe sous son charme. Dès lors, plus rien n’existe pour la jeune française que l’envie d’entrer dans la lumière de celle qui, peu à peu, devient son amie. Entre les deux femmes se nouent des liens chaque jour plus forts où les fragilités de l’une épousent le mystère et les secrets de l’autre dans un maelström fusionnel qui régit l’ensemble de leurs vies. Cependant, au gré des rencontres et des petits évènements anodins qui jalonnent leurs existences respectives, la personnalité troublée de Hiba va émerger, les liens avec Adélaïde vont s’en trouver modifiés au point que l’inquiétude et le sentiment de danger vont progressivement prendre le dessus. Le roman qui avait démarré dans les teintes rose pastel d’une amitié inoffensive se colore alors d’un gris thriller à la tension permanente jusqu’à un dénouement haletant.

Mehtap Teke est une encore jeune autrice puisque Au hasard heureux est son deuxième roman après le remarqué  Petite, je disais que je voulais me marier avec toi. Née en Belgique dans une famille d’origine kurde, elle a ensuite arpenté le monde après des études de journalisme et de communication. Elle a notamment vécu à New York et son deuxième opus y trouve un cadre propice à l’histoire qu’elle a choisi de raconter et à l’ambiance qu’elle a su installer par son écriture soignée et son style maîtrisé. En choisissant notamment de raconter la quasi-intégralité de l’histoire d’Adélaïde et de Hiba au passé, surplombant ainsi son sujet et semant, çà et là, des indices d’une fin douloureuse, Mehtap Teke accroche habilement son lecteur, avide de parvenir rapidement à la découverte de cette issue. Les deux personnages féminins gagnent peu à peu à profondeur pour révéler leurs traits cachés et leurs lourds secrets dans un aller-retour où la plus faible, ou la plus forte n’est pas toujours celle que l’on croit. Des personnages incontestablement attachants pour un roman à découvrir.

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