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PRIX MARE NOSTRUM

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racines méditerranéennes

Le Prix Mare Nostrum, créé à Perpignan en 2021 par Jean-Jacques Bedu, s’est rapidement imposé comme une référence majeure dans le paysage littéraire méditerranéen. Sa vision du dialogue interculturel et sa célébration de la diversité méditerranéenne en font un prix particulièrement pertinent dans le contexte actuel. Voici nos quatre lauréats de l’édition 2024.

Lauréats

La danse des flamants roses de Yara El-Ghadban est une œuvre magistrale qui transcende les frontières du genre dystopique pour offrir une méditation profonde sur l’espoir et la résilience. Dans ce roman visionnaire, l’auteure palestino-canadienne nous transporte dans un futur où la mer Morte s’est évaporée, laissant place à un désert de sel aussi fascinant que mortifère. Sa prose poétique tisse une tapisserie narrative où chaque mot résonne comme un cristal de sel, créant une atmosphère unique où le lyrisme se mêle à la précision scientifique de son regard d’anthropologue. Au cœur de ce paysage post-apocalyptique, l’auteure fait vivre des personnages d’une complexité remarquable, notamment Alef, premier enfant né dans la vallée du sel, qui incarne l’espoir du renouveau. Sa relation avec les flamants roses, véritables guides spirituels de cette communauté renaissante, offre parmi les plus belles pages du roman. L’œuvre transcende sa dimension dystopique pour explorer des thématiques universelles : la reconstruction après le chaos, la quête d’identité, et la possibilité d’un nouveau langage qui unirait tous les êtres vivants. Ce qui distingue ce roman est sa capacité à transformer un scénario apocalyptique en une vision d’espoir où la Palestine devient le berceau d’une nouvelle façon d’être au monde, plus harmonieuse et inclusive, s’imposant ainsi comme un jalon essentiel de la littérature contemporaine. Un maison d’édition québécoise, une auteure palestino-canadienne, une prose emplie d’espoir ont convaincu le jury de lui attribuer le Prix Mare Nostrum du roman méditerranéen, succédant ainsi à Antonio Scurati.

Les enfants de la crique de Rémi Baille, publié aux éditions marseillaises Le Bruit du monde, est une révélation littéraire éblouissante qui s’impose comme un hymne vibrant à la Méditerranée. Ce premier roman, ancré dans la crique fictive de “Longo Maï” près de Marseille, déploie une prose poétique d’une belle intensité pour explorer les liens mystérieux entre l’homme et son environnement. L’auteur toulonnais tisse une intrigue initiatique autour de personnages mémorables : Coco, le jeune pêcheur endeuillé, l’énigmatique Nine, La Douane la matriarche, et l’exubérant Cascade. Au cœur du récit, le feu joue un rôle central, à la fois destructeur et purificateur, catalyseur des destins et révélateur des âmes. La langue incandescente de Rémi Baille, nourrie des légendes provençales et portée par un souffle épique, transcende les influences de Pagnol, Giono et Camus pour créer une voix singulière, profondément contemporaine. Cette œuvre solaire et tragique ausculte avec finesse les tourments d’une jeunesse méditerranéenne en quête de sens, tout en célébrant la force éternelle d’une terre où chaque geste quotidien se charge d’une dimension sacrée. À travers le microcosme de “Longo Maï”, refuge éternel de la vie simple, Rémi Baille dresse le portrait saisissant d’une Méditerranée ambivalente, lumineuse et violente, qui se réinvente perpétuellement dans l’embrasement des éléments et qui n’a pas manqué de séduire le jury.

L’Odyssée d’Abdoul d’Audrey Millet est une enquête qui dissèque les mécanismes du trafic d’êtres humains entre l’Afrique et l’Europe. À travers le parcours poignant d’Abdoul, jeune Ivoirien en quête d’un avenir meilleur, l’auteure dévoile l’implacable machine de l’exploitation humaine moderne. De la Côte d’Ivoire à l’Italie, en passant par le Niger et la Libye, le récit cartographie méticuleusement les réseaux criminels transnationaux, révélant leurs modes opératoires sophistiqués et leurs connexions avec les institutions corrompues. L’ouvrage expose sans fard la brutalité du système, depuis les camps de détention libyens où les migrants sont réduits à l’état de marchandise, jusqu’aux ateliers clandestins italiens où ils sont exploités par l’industrie du luxe. Plus qu’une simple enquête, ce livre dévoile comment les grandes marques européennes, notamment dans le secteur du luxe, profitent de ce système d’exploitation, avec des géants comme LVMH, Gucci et Prada impliqués dans des chaînes d’approvisionnement opaques. L’auteure met également en lumière la complicité tacite des institutions européennes dont les politiques migratoires, sous couvert de contrôle des frontières, créent paradoxalement les conditions idéales pour l’expansion du crime organisé. Cette œuvre essentielle nous force à regarder en face une réalité dérangeante : une part significative de l’économie européenne repose sur l’exploitation systémique de ces travailleurs de l’ombre, questionnant ainsi les fondements mêmes de notre modèle de société. Un Prix largement mérité pour cette enquête hors normes.

Histoire du djihad : Des origines de l’islam à Daech d’Olivier Hanne est une œuvre monumentale qui se distingue par son ambition intellectuelle et sa rigueur académique exceptionnelle. Dans cette fresque de quatorze siècles d’histoire, l’auteur nous offre une analyse lumineuse et nuancée d’un concept souvent mal compris. À travers 512 pages densément documentées, Olivier Hanne déploie une érudition remarquable pour déconstruire les interprétations simplistes du djihad, révélant la complexité de ses mutations à travers les âges. Sa démarche historique rigoureuse, enrichie par une lecture critique des sources primaires, permet de comprendre comment ce concept, initialement lié à l’effort spirituel en arabe, a connu de multiples métamorphoses et réinterprétations au fil des siècles. L’ouvrage brille dans sa capacité à tisser des liens entre le passé et le présent, offrant une perspective inédite sur les enjeux contemporains. En évitant les écueils de la fragmentation habituelle des études sur le sujet, qui se concentrent soit sur la période médiévale soit sur le terrorisme moderne, l’auteur propose une vision holistique qui éclaire remarquablement les dynamiques actuelles. Cette contribution majeure à l’historiographie s’impose comme une référence incontournable pour comprendre les racines profondes des conflits qui agitent notre monde contemporain. C’est pour cette raison que le jury l’a plébiscité.

Le Prix Mare Nostrum, créé à Perpignan en 2021 par Jean-Jacques Bedu, s’est rapidement imposé comme une référence majeure dans le paysage littéraire méditerranéen. Sa vision du dialogue interculturel et sa célébration de la diversité méditerranéenne en font un prix particulièrement pertinent dans le contexte actuel. Voici nos quatre lauréats de l’édition 2023.

Lauréats

Avec M, les derniers jours de l’Europe, Antonio Scurati continue une fresque romanesque monumentale qui dissèque, avec une précision chirurgicale, la descente aux enfers de l’Italie fasciste entre 1938 et 1940. Ce troisième volet, salué par le Prix Mare Nostrum dans la catégorie « roman méditerranéen », explore les mécanismes insidieux qui ont conduit Mussolini à s’aligner sur Hitler, entraînant son pays dans le chaos de la Seconde Guerre mondiale. Antonio Scurati, à travers une narration immersive mêlant documents d’époque, extraits de journaux intimes et reconstitutions historiques, offre une plongée saisissante dans l’intimité du pouvoir totalitaire. Il met en lumière les tensions entre ambition personnelle et réalités politiques, dévoilant un Duce tiraillé entre son désir de grandeur et la crainte de l’hégémonie allemande.

Ce roman, au-delà de sa valeur historique, résonne avec une acuité particulière dans notre époque marquée par la résurgence des populismes et des nationalismes. En rappelant les dangers de l’oubli et de l’indifférence, Scurati nous invite à une réflexion profonde sur les fragilités de nos démocraties. Une œuvre magistrale, à la fois avertissement et hommage à la mémoire collective.

Morgane Az, avec L’Autre part, a été distinguée par le Prix Mare Nostrum 2023 dans la catégorie « Premier roman », une reconnaissance méritée pour une œuvre d’une rare maturité narrative et émotionnelle. Ce roman tisse une trame délicate entre passé et présent, entre la France contemporaine et le Tanger des années 1950. À la suite du décès de sa grand-mère Manelle, Lina découvre un carnet et une photographie énigmatiques. Ces éléments la poussent à entreprendre un voyage initiatique sur les traces de Manelle, révélant ainsi une part méconnue de son histoire familiale. Tanger, véritable personnage du récit, est dépeinte avec une sensibilité remarquable. La ville, avec ses ruelles sinueuses, ses senteurs envoûtantes et sa lumière particulière, devient le théâtre d’une exploration des mémoires enfouies et des secrets transmis de génération en génération. Morgane Az excelle à restituer l’atmosphère de cette cité méditerranéenne, offrant au lecteur une immersion sensorielle et émotionnelle profonde. Au cœur du roman, la condition féminine est abordée avec finesse et engagement. À travers les figures de Manelle et des femmes qu’elle rencontre, l’autrice met en lumière les luttes pour l’émancipation et la liberté dans un contexte historique complexe. Cette dimension confère à l’œuvre une portée universelle, résonnant avec les enjeux contemporains de la transmission, de l’identité et de la résilience.

L’ouvrage collectif Histoire juive de la France, dirigé par Sylvie Anne Goldberg et édité par Jean Mouttapa, a été honoré du Prix Mare Nostrum 2023 dans la catégorie « Histoire et géopolitique ». Ce livre monumental, fruit de cinq années de travail de 150 chercheurs internationaux, retrace deux millénaires de présence juive sur le territoire français, depuis l’époque gallo-romaine jusqu’à nos jours. L’ouvrage se distingue par sa volonté de sortir des récits traditionnels qui présentent les Juifs uniquement comme des victimes passives. Au contraire, il met en lumière leur rôle actif et créatif dans la construction de la nation française, en soulignant leurs contributions politiques, économiques, sociales, intellectuelles et artistiques Parmi les moments clés abordés, on retrouve l’âge d’or intellectuel du judaïsme français au Moyen Âge, incarné par des figures telles que Rachi de Troyes, ainsi que les débats sur l’émancipation des Juifs pendant la Révolution française. L’ouvrage explore également les dynamiques complexes de l’universalisme républicain face aux réalités coloniales, notamment à travers le décret Crémieux de 1870 et ses conséquences en Algérie. En récompensant Histoire juive de la France, le jury du Prix Mare Nostrum a salué une somme historiographique majeure, accessible au grand public tout en étant rigoureuse sur le plan scientifique. Ce livre s’impose comme une référence incontournable pour comprendre l’histoire partagée entre les Juifs et la France.

Daniel Marguerat, éminent bibliste suisse, a été honoré du Prix Mare Nostrum 2023 dans la catégorie « Philosophie et Spiritualité » pour son ouvrage Paul de Tarse : L’enfant terrible du christianisme. Dans cette biographie magistrale, Daniel Marguerat adopte une approche novatrice en croisant les dimensions biographiques et théologiques de Paul. Plutôt que de se limiter à une analyse doctrinale ou à une reconstitution historique, il explore comment les expériences de vie de Paul ont façonné sa pensée. Ainsi, il met en lumière la manière dont les crises traversées par l’apôtre ont nourri sa réflexion sur Dieu et la condition humaine, contribuant à forger l’identité du christianisme naissant. L’auteur déconstruit également les stéréotypes associés à Paul, souvent perçu comme misogyne ou antisémite. En s’appuyant sur une exégèse rigoureuse, il démontre que Paul, loin d’être un doctrinaire rigide, était un penseur complexe, influencé par sa double culture juive et gréco-romaine. Il souligne notamment le rôle actif que Paul attribuait aux femmes dans les premières communautés chrétiennes et son engagement en faveur de l’universalité du message chrétien. Ce travail érudit et accessible offre une relecture stimulante de la figure de Paul, éclairant les origines du christianisme et ses implications contemporaines. Par la qualité de son analyse et l’élégance de sa plume, Marguerat mérite pleinement cette distinction, qui salue une contribution majeure à la compréhension des fondements de la foi chrétienne.

Le Prix Mare Nostrum, créé à Perpignan en 2021 par Jean-Jacques Bedu, s’est rapidement imposé comme une référence majeure dans le paysage littéraire méditerranéen. Sa vision du dialogue interculturel et sa célébration de la diversité méditerranéenne en font un prix particulièrement pertinent dans le contexte actuel. Voici nos quatre lauréats de l’édition 2022.

Lauréats

Anaïs Llobet a été distinguée par le Prix Mare Nostrum 2022 dans la catégorie « Roman méditerranéen » pour son œuvre Au café de la ville perdue. Ce roman poignant explore les cicatrices laissées par la partition de Chypre, à travers l’histoire d’amour interdite entre Ioannis, un Chypriote grec, et Aridné, une Chypriote turque, dans la ville de Varosha, aujourd’hui abandonnée. L’auteure, journaliste et correspondante de l’AFP à Nicosie, s’inspire de ses expériences personnelles pour tisser une narration où le passé et le présent se mêlent. Le récit alterne entre les années 1960 et l’époque contemporaine, mettant en lumière les conséquences durables des conflits ethniques sur les générations suivantes. Le roman se distingue par sa capacité à humaniser un conflit complexe, en donnant voix à des personnages aux prises avec des dilemmes identitaires et des héritages douloureux. La plume d’Anaïs Llobet, à la fois sensible et incisive, offre une immersion profonde dans les réalités chypriotes, tout en abordant des thèmes universels tels que la mémoire, l’exil et la résilience. En récompensant Au café de la ville perdue, le jury du Prix Mare Nostrum a salué une œuvre qui, par son ancrage méditerranéen et sa portée universelle, enrichit la littérature contemporaine et offre une réflexion pertinente sur les fractures du monde actuel.
Rebecca Benhamou a été distinguée par le Prix Mare Nostrum 2022 dans la catégorie « Premier roman » pour son œuvre Les Habitués du temps suspendu. Ce roman, inspiré de l’histoire familiale de l’autrice, explore les thèmes de l’exil, de la mémoire et de la transmission intergénérationnelle. L’histoire s’ouvre sur une scène dramatique en Algérie coloniale, où une crue emporte la mère et la sœur du jeune Salomon. Recueilli par son père David, horloger de métier, et accompagné de Nahel, un orphelin arabe, Salomon grandit dans une Algérie marquée par les tensions coloniales et les prémices de la guerre. La montre à gousset transmise de génération en génération symbolise le lien au temps et à la mémoire familiale. Des décennies plus tard, à Paris, Salomon, désormais âgé, fréquente le café du Temps suspendu. La musique de Lila, une jeune violoncelliste, ravive en lui les souvenirs de son passé algérien. Le roman alterne entre les époques, tissant une narration où le passé et le présent se répondent. Par son écriture poétique et sa capacité à évoquer les silences et les non-dits, Les Habitués du temps suspendu s’impose comme une œuvre majeure, justifiant pleinement la distinction du Prix Mare Nostrum.
David Abulafia a été honoré du Prix Mare Nostrum 2022 dans la catégorie Histoire et géopolitique pour son ouvrage monumental La Grande Mer : Une histoire de la Méditerranée et des Méditerranéens. Cette fresque, richement illustrée et érudite, retrace plus de trois millénaires d’histoire humaine autour de la Méditerranée, mettant en lumière la diversité des peuples, des cultures et des échanges qui ont façonné cette région. David Abulafia divise son récit en cinq périodes distinctes, allant de la préhistoire à l’époque contemporaine, explorant les dynamiques politiques, économiques et culturelles qui ont influencé les sociétés méditerranéennes. Il met en avant la capacité de la Méditerranée à être un lieu de convergence, où différentes civilisations ont cohabité, échangé et parfois confronté leurs visions du monde. L’auteur adopte une approche centrée sur l’humain, s’éloignant des analyses purement géographiques ou climatiques, pour se concentrer sur les interactions entre les sociétés. Il souligne comment des villes portuaires comme Alexandrie, Venise ou Salonique ont prospéré grâce à leur ouverture et à leur cosmopolitisme. En récompensant La Grande Mer, le jury du Prix Mare Nostrum a salué une œuvre qui, par sa profondeur et sa clarté, offre une compréhension renouvelée de la Méditerranée, non seulement comme un espace géographique, mais aussi comme un creuset d’histoires humaines interconnectées.
Stéphanie É. Binder a été honorée du Prix Mare Nostrum 2022 dans la catégorie Philosophie et Spiritualité pour son ouvrage Tertullien et moi, publié aux Éditions du Cerf. Dans ce livre singulier, l’autrice, spécialiste de l’Antiquité et professeure à l’université Bar-Ilan en Israël, entame un dialogue introspectif avec Tertullien, premier Père de l’Église à écrire en latin au IIIe siècle. Ce faisant, elle explore les tensions entre judaïsme et christianisme, tradition et modernité, foi et raison. L’originalité de l’ouvrage réside dans sa forme hybride, mêlant autobiographie, essai théologique et réflexion historique. Binder y interroge son identité de femme juive contemporaine à travers le prisme des écrits de Tertullien, souvent perçus comme misogynes et antijuifs. Cette confrontation intellectuelle devient un moyen de questionner les frontières entre les religions et de réfléchir à la construction des identités religieuses. Le jury du Prix Mare Nostrum a salué la capacité de l’autrice à rendre accessible une matière complexe, tout en offrant une réflexion profonde sur les relations interreligieuses. Tertullien et moi s’impose ainsi comme une contribution majeure à la compréhension des dialogues entre judaïsme et christianisme, justifiant pleinement sa distinction.

Le Prix Mare Nostrum, créé à Perpignan en 2021 par Jean-Jacques Bedu, s’est rapidement imposé comme une référence majeure dans le paysage littéraire méditerranéen. Sa vision du dialogue interculturel et sa célébration de la diversité méditerranéenne en font un prix particulièrement pertinent dans le contexte actuel. Voici nos deux lauréats de la première édition 2021.

Lauréats

Le Prix Mare Nostrum, créé à Perpignan en 2021 par Jean-Jacques Bedu, s’est rapidement imposé comme une référence majeure dans le paysage littéraire méditerranéen. Sa vision du dialogue interculturel et sa célébration de la diversité méditerranéenne en font un prix particulièrement pertinent dans le contexte actuel. Voici nos deux lauréats de la première édition 2021.

Giulia Caminito a été couronnée du Prix Mare Nostrum 2021 dans la catégorie « roman » pour Un jour viendra, œuvre magistrale qui explore les tensions sociales et spirituelles de l’Italie du début du XXe siècle. Dans le village de Serra de’ Conti, les frères Lupo et Nicola grandissent dans une famille marquée par la pauvreté et les non-dits. Lupo, l’aîné rebelle, trouve en son petit frère fragile une raison de lutter contre l’ordre établi. Leur lien fusionnel est mis à l’épreuve par les bouleversements de l’époque, notamment la Grande Guerre et les mouvements sociaux. Le roman se distingue par la profondeur de ses personnages, notamment Sœur Clara, abbesse d’origine africaine au passé douloureux, inspirée de la figure historique de Maria Giuseppina Benvenuti. Par une écriture à la fois intense et élégante, Caminito tisse une fresque où se mêlent révolte, spiritualité et quête d’identité. Un jour viendra est ainsi salué pour sa capacité à faire résonner des thèmes universels à travers une histoire ancrée dans une région spécifique, offrant une réflexion sur la condition humaine et les luttes pour la liberté. Ce roman, premier ouvrage traduit en français de l’autrice, marque également l’ouverture des éditions Gallmeister à la littérature européenne.

Par une pensée audacieuse, Kahina Bahloul redéfinit l’islam comme une religion ancrée dans la raison, ouverte à l’interrogation et capable de faire émerger des vérités dépassant le cadre strictement dogmatique. Son ouvrage, Mon islam, ma liberté, est ainsi remarquable par sa rigueur intellectuelle et son ouverture spirituelle, refusant les approximations pour privilégier une réflexion approfondie et personnelle. Son parcours, marqué par les traumatismes de la décennie noire algérienne et une crise existentielle profonde après la disparition brutale de son père, l’a conduite à redécouvrir Dieu à travers une quête intérieure authentique, proche du soufisme. Inspirée par la mystique d’Ibn Arabî, elle développe une vision réformiste de l’islam, incarnée concrètement par la fondation d’un lieu de culte où imame et imam officient en alternance, geste fort et symbolique. Défendant avec ténacité une lecture du Coran qui légitime pleinement la place des femmes, elle s’emploie à restaurer un islam humaniste, libéré des scléroses doctrinales. Son livre se révèle ainsi une précieuse contribution à l’épanouissement intellectuel et spirituel, soulignant l’importance du dialogue interculturel, de la diversité religieuse, et d’un engagement sans faille envers la dignité féminine.

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