Sélection Romans Prix 2025

Le Prix Mare Nostrum 2025 : découvrez la richesse littéraire méditerranéenne. Une sélection de 8 romans captivants sur l'identité, la mémoire, l'histoire.
Sélection Romans Prix Mare Nostrum 2025

Cette sélection de huit romans pour le Prix Mare Nostrum s’affirme comme une célébration éclatante de la profondeur et de la complexité de l’âme méditerranéenne. Elle propose un voyage littéraire où les récits personnels se mêlent aux grandes fresques historiques, explorant les thèmes intemporels de l’identité et de la mémoire. Chaque ouvrage sonde les recoins de l’expérience humaine, des traumatismes du passé aux espoirs de demain, en passant par les défis du déracinement et la richesse des rencontres interculturelles. Au fil des pages, on découvre des paysages intérieurs aussi variés que les rivages de cette mer mythique. La prose, qu’elle soit introspective et poétique, immersive et sensorielle, ou encore d’une acuité philosophique percutante, révèle la virtuosité de ces auteurs. Ils s’engagent avec passion dans l’exploration des liens indissolubles entre l’individu et son histoire collective, mettant en lumière la résilience, la quête de sens et les mille facettes de l’existence. C’est une littérature exigeante et généreuse, qui honore la puissance des mots pour éclairer les ombres et célébrer la lumière de l’humanité méditerranéenne. Telle est la vocation du Prix Mare Nostrum.

Mohed Altrad - le désert en partage - sélection Prix Mare Nostrum

Le Désert en partage de Mohed Altrad déploie, dans un souffle romanesque, la confrontation entre mémoire et présent au cœur d’une Syrie ravagée. L’auteur, artisan d’une prose à la fois incisive et contemplative, nous plonge au mois de juillet 2015 dans les ruines d’Alep, où la poussière des combats voile la lumière et où les vies vacillent sous les roquettes. Rihad, enfant du désert devenu homme d’affaires déraciné, y croise Nour, infirmière idéaliste broyée par la guerre ; leur rencontre, fugace et vibrante, incarne la fragile étincelle d’humanité face à l’horreur. À travers leurs trajectoires, le roman explore l’exil intérieur, la quête de sens et l’opposition entre tradition et modernité. La métaphore du désert, à la fois refuge et labyrinthe, structure une narration où souvenirs et espoirs s’emmêlent, tandis que les enjeux de pouvoir et d’argent tissent la toile d’un monde en mutation.
Mohed Altrad, en virtuose du récit, mêle précision géopolitique, sensualité des paysages et portée philosophique, offrant ainsi une fresque magistrale sur la condition humaine. À mi-chemin entre mémoire individuelle et cri d’alarme collectif, Le Désert en partage invite le lecteur à mesurer la force de l’amour comme dernier bastion face au chaos suprême.

Fanny Audibert - Sélection Prix Mare Nostrum 2025

Le Comte de Barcelone de Fanny Audibert est un roman historique ambitieux qui s’inscrit comme une suite officieuse et respectueuse à la trilogie des mousquetaires d’Alexandre Dumas. Situé entre Les Trois Mousquetaires et Vingt ans après, ce pastiche érudit ressuscite la verve, les codes et la fougue du roman-feuilleton du XIXe siècle tout en leur insufflant une tonalité plus mélancolique et contemporaine. L’ouvrage suit trois figures emblématiques : d’Artagnan, devenu lieutenant solitaire des mousquetaires, envoyé en mission secrète en Catalogne ; Cinq-Mars, favori instable de Louis XIII, pris dans l’engrenage de la cour et de ses trahisons ; et Cyrano, soldat et philosophe, en lutte contre la vacuité du monde.
À travers ces trajectoires entremêlées, le roman explore le désenchantement du pouvoir, la fidélité aux idéaux et la solitude des héros vieillissants. Fanny Audibert fait œuvre de styliste, imitant avec brio les envolées de Dumas, ses dialogues théâtraux et son sens de l’épopée. Mais elle y ajoute une gravité nouvelle : celle du temps qui passe et des illusions perdues. Le Comte de Barcelone est ainsi à la fois une déclaration d’amour au roman d’aventures et une méditation sur la fin du panache.

Azouz Begag - Sélection Prix Mare Nostrum 2025

Les Yeux dans le dos, fable romanesque signée par Azouz Begag, se déroule en juillet 1860 dans la Syrie ottomane. Le récit suit Ibrahim, aveugle de naissance, et Élias, paralytique, qui s’unissent pour traverser la campagne damascène. Leurs pas les mènent de Salié jusqu’aux portes de Damas, à travers oliveraies, champs de roses et caravansérails, tandis que le récit conjugue chaleur climatique, senteurs enivrantes et tensions intercommunautaires. Au détour d’un puits où ils rencontrent la mémoire d’Ibn’Arabi, jusqu’au Café des Rosiers où le chant d’Ibrahim suscite l’émerveillement, le duo enchaîne rencontres édifiantes et dangers politiques. Le roman tisse les jeunes compères dans un tissu de personnages historiques et fictifs : marchands bédouins, druzes méditatifs, missionnaires occidentaux, et surtout l’émir Abdelkader, exilé algérien devenu guide spirituel à Damas. Cette rencontre symbolise la puissance de l’hospitalité et de la culture, offrant une méditation sur la solidarité, l’exil et la capacité de l’amitié à transcender handicaps et conflits. Sous une prose richement détaillée, ponctuée d’images sensorielles et de calligraphies historiques, Azouz Begag invite à une aventure humaine où la lumière intérieure triomphe des ombres du passé. Les Yeux dans le dos propose une fresque vivante et profondément humaine, où chaque page respire l’espoir et la fraternité.

Dans Les Silences de Pietrasecca, Alexandre Bertin tisse une fresque aussi lumineuse que douloureuse, à la croisée des temps, des lieux et des destins. Tout commence dans un petit village des Abruzzes, Pietrasecca, théâtre d’un drame oublié, réminiscence de la Seconde Guerre mondiale. Un enfant de six ans, orphelin sans nom, y survit dans le silence, recueilli par la compassion rugueuse d’un couple de bergers. Mais l’histoire ne s’écrit pas qu’en un seul lieu : de l’Italie rurale à la banlieue lyonnaise, du souvenir à l’oubli, le roman explore les empreintes laissées par l’exil, la pauvreté, les violences familiales, et l’irrépressible quête d’identité.

L’auteur entrelace habilement les voix et les époques, construisant une narration mosaïque où le silence devient un langage en soi, à la fois cri étouffé et refuge. Loin du pathos, l’écriture épurée dévoile la lente constitution d’un être, dont l’enfance brisée resurgit à l’âge adulte sous la forme d’un retour initiatique. Roman de filiation et de mémoire, Les Silences de Pietrasecca est aussi un hymne à la dignité des vies minuscules, une méditation sur la résilience, et une interrogation poignante sur ce que l’on transmet sans jamais le dire.

Dans L’Armée des frontières, Paul de Brancion compose un roman dense et vibrant, à la lisière du récit historique et de la méditation spirituelle. Le personnage central, Ïssa Walther, né d’une mère algérienne et d’un père nazi, devient agent double au service du FLN, chargé d’organiser la désertion de légionnaires étrangers enrôlés dans l’armée française durant la guerre d’Algérie. Sa couverture : répétiteur coranique à Béchar, dans une mosquée où il enseigne aux enfants la psalmodie des sourates. À travers une écriture à la fois sobre et incantatoire, l’auteur explore la multiplicité des identités, la complexité du courage, et les formes possibles de la foi. Le roman tisse subtilement l’action et la contemplation, l’atrocité de la guerre et la beauté des textes sacrés. Il interroge sans relâche la frontière — géographique, spirituelle, morale — et la franchit pour mieux la déconstruire.
Sur fond de tensions géopolitiques, d’essais nucléaires et de manipulations secrètes, L’Armée des frontières donne à voir un pan méconnu de l’histoire algérienne, en plaçant au cœur du récit un homme pris dans l’engrenage des loyautés multiples. Entre infiltration, trahisons, prières et siestes réparatrices, un roman de guerre intérieure autant que de stratégie militaire.

Joris Giovannetti - Sélection Prix Mare Nostrum

Ceux que la nuit choisit plonge le lecteur dans la trajectoire tourmentée des Cristini, une famille corsée hantée par un passé funeste et les rumeurs d’une malédiction ancestrale. L’intrigue s’ouvre sur un hiver de 1914, quand un muletier rapporte une jeune femme grièvement blessée, Vénérande, seule survivante d’un massacre dont on ignore encore la réalité. Des générations plus tard, son fils Gabriel grandit dans l’ombre de ce drame et porte en lui l’héritage d’une violence jamais clairement expliquée. Étudiant en philosophie, il croise le chemin de Cécilia : leur rencontre, d’abord empreinte de fascination et de douceur, bascule bientôt dans l’angoisse lorsqu’il est frappé d’une crise inexplicable, prélude à une descente dans la peur et le doute.
Le roman articule habilement mythes et histoire, multipliant les allusions à Nietzsche et aux astres pour interroger la fatalité. À travers une prose dense et poétique, Joris Giovannetti explore la transmission de la douleur familiale, la quête de sens et la possibilité d’émancipation individuelle. Entre des paysages corses magnifiés et le huis clos suffocant d’une clinique psychiatrique, l’auteur tisse une fresque intime où chaque page est un pas de plus vers une vérité incertaine : sommes-nous réellement les maîtres de notre destin, ou simplement soumis aux ombres que la nuit nous impose ?

Patrice Guirao - Sélection Prix Mare Nostrum

Trois noyaux d’abricot de Patrice Guirao est un roman d’une intensité rare, porté par la voix singulière de Sauveur, un enfant plongé au cœur des déchirements de l’Algérie française finissante. À travers ses yeux innocents et lucides, le lecteur découvre une chronique intime marquée par la perte, la mémoire et la violence d’un monde en train de disparaître. Entre veillées funèbres, rituels familiaux, figures tutélaires et monstres domestiques, le récit navigue entre réalisme cru et merveilleux enfantin. Le texte, d’une grande richesse sensorielle, parvient à tisser une fresque où les jeux, les peurs et les récits de grand-mère côtoient la guerre, les départs forcés, l’exil latent. Patrice Guirao signe ici un roman d’apprentissage bouleversant, où l’histoire individuelle croise la grande Histoire dans une langue savoureuse, marquée par des expressions locales, des images puissantes et une profonde tendresse.
Véritable poème de l’enfance en temps de guerre, Trois noyaux d’abricot donne à voir, avec une rare justesse, la manière dont un enfant absorbe, réinvente et tente de comprendre le chaos qui l’entoure. C’est un récit vibrant de mémoire, de perte, et d’amour, où chaque noyau, chaque moustache, chaque silence dit plus que mille discours.

Georgia Makhlouf - Sélection Prix Mare nostrum

Pays amer de Georgia Makhlouf est un roman ambitieux qui tisse en parallèle deux destins féminins à un siècle d’écart, dans un Liban tour à tour radieux et meurtri. Dans les années 1920, Marie Karam, photographe fictive inspirée de la pionnière Marie el-Khazen, brave les conventions de son milieu et s’affirme en capturant l’effervescence intellectuelle et sociale du mandat français. Son audace artistique – exposant des femmes habillées en hommes et sublimant des décors en pleine mutation – lui vaudra d’être internée à Asfourieh. Un siècle plus tard, Mona, photographe contemporaine, arpente un Beyrouth en crise, où les cicatrices des conflits et des crises économiques redéfinissent le paysage urbain. Sa découverte d’un journal intime enfoui dans les archives devient le miroir de sa quête identitaire et de son combat contre les carcans patriarcaux. À travers une écriture précise et poétique, Georgia Makhlouf interroge la mémoire collective, l’émancipation féminine et le pouvoir de l’art photographique.
Pays amer déploie une fresque et intime où se répondent passé et présent, mêlant fiction et réalité. Une méditation sur la transmission, la résilience et la place des femmes dans l’histoire d’un pays aux mille visages.