On aurait pu attendre de Benoît Gandillot, directeur financier d’un grand groupe français puis directeur d’université d’entreprise, qu’il soit essentiellement préoccupé par le monde de l’économie et du rôle de la finance dans le monde matérialiste des affaires. Eh bien, pas du tout, l’auteur nous livre avec bonheur et passion une compréhension nouvelle de la Bible dans la relation permanente entre les symboles inscrits dans les chiffres et les lettres.
L’auteur révèle notamment les passerelles évidentes ou énigmatiques qui lient dans la Bible le monde de l’invisible au monde de la réalité, le ciel à la terre, Dieu et les prophètes aux hommes. Ces passerelles trouvent leur sens et leur beauté dans des symboles qu’il faut savoir percer au cœur des nombres, des lettres, des graphismes qui ne prennent vraiment leur pleine dimension que dans les relations, dans les ‘‘correspondances‘‘ selon les mots de Baudelaire, qu’elles entretiennent entre elles.
Dans cet ouvrage où la clarté de l’écriture le dispute à l’érudition édifiante, Benoît Gandillot refuse le monde un peu facile de l’ésotérisme où chacun, notamment dans l’univers si riche de la Bible, pourrait avoir la tentation de tirer à soi ces textes sacralisés par la foi et les siècles, et laisser courir son imagination à la poursuite de ses propres fantasmes. Il se plonge en exégète critique et exigeant sur le système numérologique qui recoupe le texte biblique et révèle le sens caché de la Bible. Oui, les nombres sacrés structurent en effet l’alphabet hébreu ! Oui, la Bible est bien, et avant tout, un message venu du ciel qui, sous une forme numérique, livre aux hommes des clefs qui ouvrent à l’intelligence du monde invisible ! Oui, enfin, les relations symboliques qui parcourent les textes sacrés demandent à être révélées afin que les hommes voient plus loin, et accèdent à une dimension qui transcende le contingent et l’immédiat réducteur.
C’est cette dimension-là que l’auteur de ‘’La Bible, la Lettre et le Nombre’’ nous permet d’atteindre dans sa démonstration de l’Alliance éternelle et nouvelle qui relie Dieu aux Hommes. Benoît Gandillot éclaire pour notre plaisir et notre science comment l’Ancien Testament annonce prophétiquement le Nouveau. Le plus bel exemple en est l’épisode mystique de la Transfiguration où Jésus est apparu sur le mont Thabor encadré par Elle et Moïse, les deux seuls hommes de l’Ancienne Alliance à avoir été mis en présence de Dieu. Et le visage de Jésus rayonnait d’une lumière éclatante, comme celui de Moïse après avoir reçu de Dieu sur le Sinaï, les Tables de la Loi. L’exégète nous fait justement remarquer que l’auréole attribuée aux saints, l’est en souvenir, en reflet, de la Gloire de Dieu manifestée au cours de ces deux épisodes fondateurs.
Enfin, les correspondances sans cesse révélées par l’auteur entre Nombres et Lettres dans la Bible transportent le lecteur dans la jouissance intellectuelle permanente d’apprendre, de comprendre et d’entrer, complice de l’auteur, dans un univers où l’Invisible prend la main du Visible pour franchir, ensemble, la porte qui mène de la terre au Ciel.
Léonce CAMBRES
articles@marenostrum.pm
Gandillot, Benoît, « La Bible, la lettre et le nombre : le code secret enfin déchiffré », Le Cerf, 08/04/2021, 24,00€
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