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C’est avec une immense tristesse que nous avons appris le décès d’Henri Gougaud, figure emblématique de la littérature française et occitane. Conteur hors pair, romancier talentueux, poète sensible, il laisse derrière lui une œuvre riche et variée qui a marqué plusieurs générations de lecteurs.

Né en 1936 à Villemoustaussou dans l’Aude, Henri Gougaud a très tôt été attiré par les mots et les histoires. Après des études de lettres à Toulouse, il monte à Paris en 1962 où il se produit comme chanteur au cabaret La Colombe, interprétant ses propres textes. Il devient également parolier pour de grands noms de la chanson comme Juliette Gréco, Jean Ferrat ou Marc Ogeret.

Mais c’est véritablement dans l’art du conte qu’Henri Gougaud va s’épanouir et révéler tout son talent. Puisant son inspiration dans les traditions orales, les mythes et légendes du monde entier, il va redonner ses lettres de noblesse à cet art ancestral. Ses recueils comme « L’arbre d’amour et de sagesse », « L’arbre aux trésors », « Les sept plumes de l’aigle » ou encore « Le livre des chemins » sont de véritables pépites, mêlant poésie, philosophie et sagesse universelle.

Cependant, c’est son amour inconditionnel pour le Pays Cathare qui marquera à jamais son œuvre et sa vie. Véritable passionné de cette région chargée d’histoire, Henri Gougaud était considéré comme l’un des plus grands conteurs et ambassadeurs de la culture cathare. Son attachement profond à ce territoire transparaît dans nombre de ses écrits, où il rend hommage à la beauté des paysages, à la richesse du patrimoine et à la singularité de l’histoire cathare.

En 1992, il publie avec le photographe Gérard Sioen le magnifique ouvrage « Vivre le Pays Cathare » qui témoigne de sa fascination pour cette terre empreinte de spiritualité. À travers ses mots, Henri Gougaud nous plonge dans l’univers mystique des Cathares, ce mouvement religieux dissident qui a profondément marqué la région au Moyen-Âge. Avec poésie et érudition, il retrace leur histoire tragique, de l’épanouissement de leur foi à la croisade sanglante menée contre eux par l’Église catholique.

Les forteresses légendaires du pays cathare comme Montségur, Peyrepertuse ou Quéribus, prennent vie sous la plume enchanteresse d’Henri Gougaud. Il excelle à restituer l’atmosphère unique qui règne dans ces citadelles perchées, derniers refuges des « bons hommes » face à l’Inquisition. À ses côtés, nous foulons les sentiers escarpés menant à ces nids d’aigle, nous imprégnant de la quiétude des lieux, imaginant les drames qui s’y sont joués.

Mais au-delà de la dimension historique, c’est toute la richesse de la culture occitane qu’Henri Gougaud s’attache à célébrer. Les troubadours, ces poètes-musiciens de langue d’oc, occupent une place de choix dans son cœur et son œuvre. Dès 1969, il leur consacre un recueil, « Poèmes politiques des troubadours ». En 1989, il traduit « La Chanson de la croisade albigeoise », témoignage précieux sur la tragédie cathare. Pour lui, la poésie raffinée des troubadours, exaltant l’amour courtois et un certain art de vivre, constitue un héritage inestimable qu’il s’est toujours efforcé de perpétuer.

Au fil de ses contes, romans et poèmes imprégnés de l’âme occitane, Henri Gougaud est devenu le héraut du pays cathare. Par son verbe chaleureux et son regard humaniste, il a su toucher le cœur de ses lecteurs, éveillant chez beaucoup un intérêt nouveau pour cette région et son histoire singulière. Grâce à son talent de conteur, les légendes cathares ont résonné bien au-delà des frontières du Languedoc, s’inscrivant dans l’imaginaire collectif.

Infatigable passeur d’histoires, Henri Gougaud a consacré sa vie à enchanter son public, à transmettre cet amour des mots et du merveilleux qui l’habitait. Sur scène comme sur la page, il savait captiver son auditoire, l’emmener dans des contrées lointaines, le faire rêver, rire et pleurer. Son attachement indéfectible au pays cathare, dont il aura été jusqu’au bout l’un des plus ardents défenseurs, restera comme l’un des traits marquants de sa personnalité et de son œuvre.

Avec la disparition d’Henri Gougaud, le pays cathare perd l’un de ses plus grands ambassadeurs, celui qui a su comme nul autre faire vivre son histoire et ses paysages. Mais son esprit continuera de planer sur les forteresses d’Occitanie, lui qui a tant contribué à faire connaître et aimer cette région au caractère unique. À travers ses écrits, sa voix continuera de nous guider sur les chemins escarpés du Pays Cathare, terre de légendes et de spiritualité.

Merci Henri Gougaud pour toutes ces histoires, tous ces personnages qui continueront de peupler notre imaginaire. Puisse votre plume inspirée nous inviter encore longtemps à marcher dans vos pas, à la découverte de ce Pays Cathare que vous chérissiez tant. Vous resterez à jamais le conteur éternel, le troubadour des temps modernes qui a su ranimer la flamme occitane. Que votre âme repose en paix sur votre terre d’élection.

Image de Chroniqueur : Jean-Jacques Bedu

Chroniqueur : Jean-Jacques Bedu

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