Pierre de Cabissole, Le carnaval sauvage, Grasset, 31/01/2024, 1 vol. (212 p.), 20€.
Au début du Carnaval Sauvage, Maria revient après trois années d’absence dans son village natal en Occitanie pour participer à un bien étrange rituel païen. Dans ce premier roman, Pierre de Cabissole prend pour cadre la fête des Pouyes qui vient clore la période des vendanges. C’est pour l’héroïne l’occasion de venir régler ses comptes avec les habitants de Cambaron et tenter de « sauver » Agnès, une jeune femme dont le souvenir l’obsède depuis son départ pour l’École Normale Supérieure de Lyon. Maria, par son parcours scolaire fait en effet figure d’exception dans ce village perdu de l’Hérault où les traditions semblent avoir une emprise sur les murs et les âmes.
Avant, tout n’était pas si clair pour moi. Je n’avais pas conscience de vivre au milieu de pauvres bougres enchaînés à la vision rassurante d’un univers circonscrit. En quittant le village, j’ai découvert qu’il y avait un monde en dehors.
Mais malgré son intelligence, la jeune femme est déstabilisée par son retour et les souvenirs du passé sur ses parents, ses amis, ses premières amours viennent la tourmenter. Elle se retrouve entraînée dans une situation qui la dépasse rapidement.
La fête des Pouyes est librement inspirée d’une véritable festivité ancestrale de Cournonterral : la fête des Pailhasses qui se tient à l’occasion du mercredi des Cendres. Comme dans le roman, le village est fermé au public et des combats sauvages opposent les habitants déguisés qui s’aspergent de lie de vin. Dans la véritable tradition carnavalesque qui inverse les normes et brouille l’ordre social, Pierre de Cabissole prend certaines libertés avec la réalité et dresse une caricature sans concession de la fête des Pouyes. Maria a grandi et désormais ce carnaval obscène et misogyne la choque profondément.
Les femmes ont le droit de s’habiller en blanc, de courir, de recevoir des coups, de se faire peloter, passer à la comporte et de sourire. Les dents pleines de merde, les cheveux collés par l’ignoble mixture. Aux hommes, le reste. Leurs seize ans révolus, ils peuvent être Pouyes. Rares sont ceux qui sautent leur tour. Ici, c’est un rite de passage. C’est plus important que de perdre leur pucelage, c’est plus important que d’obtenir son brevet des collèges. C’est plus important que tout. Pouyes un jour, Pouyes pour la vie.
L’intrigue du Carnaval Sauvage se déroule sur cinq jours avec pour point d’orgue la fête des Pouyes tant attendues par les habitants. Que se passera-t-il pour la jeune normalienne dans le dédale des ruelles de Cambaron ? Pierre de Cabissole parvient à nous tenir en haleine afin de découvrir le dénouement de ce premier roman à suspense.
Chroniqueuse : Marine Moulins
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