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Voyage initiatique d’un chauffeur devenu cinéphile dans Avat’aime

Laurent Bonetti, Avat’aime. Roman cinématographique, Éd. LettMotif, Coll. Roman cinématographique, octobre 2025, 321 p., 24,90 euros.

Laurent Bonetti, Taxi-driver parisien puis chauffeur à la RATP, est un mordu de cinéma qui conduit le jour son bus et écrit le soir un livre. Son film préféré, maintes fois vu et revu, est Le Fabuleux Destin d’Amélie Poulain de Jean-Pierre Jeunet. Son trajet quotidien est la ligne 59 qui devient la ligne conductrice de ses rêves nocturnes et son bus s’envole, à la Harry Potter, au Pays des fééries et folies. Il se fait naturellement repérer par des personnes de l’Autre côté du miroir et du rétroviseur et, un jour, tel Neo qui voit un petit lapin blanc tatoué, sa vie bascule. Une mystérieuse et secrète Organisation, la Fondation Amélie P., lui envoie une lettre confidentielle signée Gina, secrétaire et trésorière, qui lui propose de rejoindre ses rangs (les initiés savent que Gina est un personnage du film de Jeunet). Ses membres discrets sont les Avat’aime. Leur Cheval de guerre est l’amour – et la défense – du cinéma et de tous les Arts (que ce soit une discipline artistique, un artiste ou une oeuvre musicale, picturale, littéraire) (on pourrait y ajouter les lecteurs de LettMotif). Et le livre qui était d’entrée autobiographique (Bonetti est l’auteur) verse aussitôt dans le fantastique (Laurent devient acteur). On pense au Magicien d’Oz, où Dorothée est emportée par-delà l’Arc-en-Ciel, et au Corbeau et son : « Où est l’ombre, où est la lumière ?», le vrai, le rêvé ? Mais peu importe, ciné-roman ou cinéma, tout n’est qu’illusions et Feux de la rampe !

Avat’aime, Ava-thème, Ava Gardner, Avat’ar, Avat’Art…

Quoique présélectionné, Laurent est soumis à une épreuve éliminatoire : il doit trouver dans les 7 jours (7 comme le 7e Art), une statuette du nain Atchoum (les autres nains ou Blanche-Neige n’étant pas souhait-ables). Si l’ombre du Faucon maltais plane, La Quête du nain, pouvant suggérer un conte et des sornettes, n’enlève rien au sérieux de la proposition qui n’est certes pas une plaisanterie mais qui débute petitement. Loin d’être refroidi ou de douter, Laurent est partant et empli d’enthousiasme. Il n’est plus lui-même, se transforme et devient, ce qu’il était sans le savoir, un Avat’aime, un cinéphile Doux, dur et dingue confirmé. Telle Alice, il entame un long road-movie imaginaire et onirique où la réalité – la rencontre avec Michael Lonsdale – et le fantastique – la confrontation avec les E.T. et Aliens – se confondent à tous moments et lieux. On l’a compris, Avat’aime est un Ava-thème des cinéphiles qui, submergés d’émotions par des scènes-cultes, passent de l’autre côté de la toile rejoindre leurs icônes. C’est un Ava-thème empli d’Ava telles Ava Gardner, Ava Gaudet, Ava Lazar – mais aussi de stars comme Jodie Foster et Isabelle Huppert – qui font briller de mille flammes les yeux énamourés. L’Avat’aime est aussi le pendant amoureux tel King Kong, le gorille protecteur et séducteur, de Naomi Watts, Jessica Lange, Fay Wray. Qui dit l’Avat’aime dit aussi l’Avat-ar filmique où « l’égo » joue à construire la personnalité de l’Avat’Art.

Avat’aime, ciné-roman riche et poétique sans équivalent, à la fois singulier et pluriel et à l’atmosphère étrange et magique, étonne et détonne et séduit tout en douceur. L’intitulé est surprenant, le contenu est prenant. C’est le tour du monde cinématographique et intemporel en une myriade d’étoiles filantes. Le cinéphile s’y reconnaîtra, pensera à d’autres films, réalisateurs et icônes, et entrera tout naturellement dans le livre ; le simple lecteur s’engouffrera avec délices dans le merveilleux de Circé, Morphée et Trinity. Et si les Avat’aime, c’était nous, les lecteurs, l’initiation de Laurent, le ciné-romancier et acteur, étant la nôtre ?

Avat’aime est le premier roman, abouti, de Bonetti, cinéphile inspiré. Gainsbourg était le poinçonneur des lilas, Bonetti est le poinçonneur des cinémas ! Et comme conclut Antoine Sire, le préfacier : « Bon voyage et ne ratez pas votre arrêt ! »

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Olivier Cariguel retrace ici l’une des manipulations les plus stupéfiantes du XXᵉ siècle : la création d’un fakir imaginaire devenu vedette parisienne. Son enquête, incisive et implacable, révèle la mécanique d’une imposture montée avec une audace déconcertante. Chaque révélation expose la facilité avec laquelle une société peut être séduite, dupée et entraînée dans un récit qui dépasse la raison. Rarement la manipulation aura été décrite avec autant de précision et de force.


Une lecture qui rappelle que la vérité perd toujours contre le désir d’illusion.

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