C’est avec une immense fierté que nous accueillerons Antonio Scurati au Cinéma le Castillet à Perpignan le samedi 18 mai prochain à 11h00 afin de célébrer la littérature et l’histoire, et surtout rendre hommage à un immense écrivain italien.
Antonio Scurati, par son œuvre ambitieuse et magistrale, a su nous faire revivre avec une précision saisissante l’une des périodes les plus sombres et les plus fascinantes du XXe siècle : la montée et le règne du fascisme en Italie. À travers sa trilogie « M », il nous a offert une plongée immersive dans les méandres de l’Histoire, nous faisant découvrir les personnages, les événements et les mécanismes qui ont conduit l’Italie, puis l’Europe, vers l’abîme de la Seconde Guerre mondiale.
Loin de toute apologie, Antonio Scurati, avec courage et lucidité, nous met en garde contre les dangers des populismes, des nationalismes et des extrémismes. Il nous rappelle l’importance de la mémoire, de l’esprit critique et de la défense des valeurs démocratiques.
En lui remettant le « Prix Mare Nostrum du Roman Méditerranéen« , nous célébrons non seulement un grand écrivain, mais aussi un immense romancier, un penseur et un citoyen engagé. C’est une chance insigne de l’avoir parmi nous à Perpignan, au cœur de cette Méditerranée qu’il connaît si bien, et qu’il nous aide à mieux comprendre.
M, L'enfant du siècle : une plongée immersive dans les origines du fascisme
M, L’enfant du siècle d’Antonio Scurati nous transporte dans l’Italie chaotique de l’après-Première Guerre mondiale, un pays profondément divisé, traumatisé par le conflit et en proie à une crise économique et sociale sans précédent. C’est dans ce contexte fertile pour les extrêmes que Benito Mussolini, ancien leader socialiste devenu paria pour son ralliement à l’interventionnisme, fonde les Faisceaux de combat.
Antonio Scurati nous fait revivre avec une précision saisissante la naissance et l’ascension fulgurante du fascisme, de la première réunion à Milan en 1919 au triomphe électoral de 1924. Le roman nous plonge au cœur de ce mouvement hétéroclite, composé d’anciens combattants, de futuristes, de nationalistes et d’anarchistes, tous unis par leur ressentiment, leur soif de violence et leur désir de puissance. On y croise des figures emblématiques comme Marinetti, le fondateur du futurisme, D’Annunzio, le poète-soldat maître de Fiume, et les squadristes de la première heure, ces hommes de main prêts à tout pour imposer leur volonté.
Le roman ne se contente pas de retracer l’histoire politique du fascisme. Il explore également les coulisses de la construction du mythe de Mussolini. Antonio Scurati nous dévoile l’intimité du Duce, ses relations tumultueuses avec ses maîtresses – notamment Margherita Sarfatti, son égérie intellectuelle -, ses tourments face à la maladie et à la mort, ses contradictions et ses faiblesses. À travers le regard de ses proches, de ses ennemis et de ses victimes, émerge le portrait d’un homme complexe, à la fois idéaliste et cynique, séducteur et tyran, capable de fasciner les masses tout en nourrissant un profond mépris pour le genre humain.
Avec une écriture immersive et cinématographique, Antonio Scurati nous fait ressentir l’atmosphère électrique de l’époque, la peur des uns, la haine des autres et la violence omniprésente. Il nous montre comment le fascisme s’est nourri du désordre et de la déception de l’après-guerre pour s’imposer comme une force politique incontournable, prête à tout pour conquérir le pouvoir.
M, L'homme de la providence : dans la tête du dictateur
M, L’homme de la providence, second tome de la trilogie d’Antonio Scurati, nous entraîne au cœur de l’Italie fasciste des années 1925-1932. Mussolini, désormais au pouvoir, s’emploie à la construction de sa dictature. Le roman nous dévoile les rouages de cette entreprise totalitaire, entre répression des oppositions, culte de la personnalité et propagande. Antonio Scurati explore les coulisses du régime, les luttes de pouvoir entre les hiérarques fascistes, les compromissions et les trahisons, mettant en lumière les paradoxes et les contradictions d’un mouvement qui a su rallier à sa cause aussi bien les masses pauvres que la grande bourgeoisie.
L’auteur nous offre un portrait saisissant de Mussolini, l’homme de la providence. On y découvre un dictateur obsédé par sa propre image, tiraillé entre sa volonté de grandeur et ses faiblesses, ses vices et ses peurs. Scurati explore avec finesse les multiples facettes de ce personnage complexe, à la fois séducteur et tyran, capable de charme et de cruauté, manipulateur hors pair et marionnette de ses propres fantasmes. Le roman met en scène ses relations tumultueuses avec ses maîtresses, ses accès de colère, ses moments de doute et de faiblesse, nous faisant pénétrer dans la psychologie tourmentée de cet homme qui prétend incarner la nation italienne.
Le récit nous fait revivre les moments clés de cette période, de l’assassinat de Matteotti aux accords du Latran, en passant par la « bataille de la lire » et les violences squadristes dans les campagnes. Scurati nous montre comment Mussolini a su exploiter la peur et le ressentiment des Italiens pour s’imposer comme le seul homme capable de ramener l’ordre et la prospérité, comment il a progressivement étouffé toute opposition et instauré un régime de terreur.
L’auteur ne se contente pas de décrire les événements. Il nous les fait vivre de l’intérieur, à travers le regard des personnages, leurs pensées, leurs émotions, leurs doutes. On ressent la tension, la peur, l’excitation, le désespoir de ceux qui ont participé à cette page sombre de l’histoire italienne.
M, Les derniers jours de l'Europe : la marche vers l'abîme
M, Les derniers jours de l’Europe, troisième volet de la trilogie d’Antonio Scurati, nous entraîne dans la tourmente des années 1938-1940, alors que l’Europe bascule irrémédiablement vers la Seconde Guerre mondiale. Mussolini, au sommet de sa puissance, s’est lié à Hitler et se prépare à engager l’Italie dans un conflit dont il pressent les dangers, mais auquel il ne peut plus se soustraire.
Le roman nous plonge au cœur des tractations diplomatiques, des alliances et des trahisons qui ont précédé le déclenchement de la guerre. Scurati explore avec finesse les relations ambiguës entre Mussolini et Hitler, entre admiration et méfiance, entre désir de grandeur et peur de l’hégémonie allemande. On y découvre un Duce tiraillé entre son instinct de survie et son orgueil démesuré, prisonnier de l’image qu’il a construite et du pacte d’acier qu’il a conclu avec le Führer.
À travers le prisme des journaux intimes de Ciano et de Petacci, des rapports de police, des lettres et des discours officiels, Scurati met en lumière les mécanismes de la propagande, les luttes de pouvoir entre les hiérarques fascistes et les compromissions avec les puissances étrangères. Le roman nous dévoile les doutes et les hésitations de Mussolini, conscient de l’impréparation militaire de l’Italie et de l’hostilité d’une grande partie de la population à l’égard de l’Allemagne.
Le roman nous fait revivre les événements clés de cette période, de l’Anschluss à la chute de Barcelone, de la conférence de Munich à l’invasion de la Pologne, nous faisant ressentir l’atmosphère de terreur et d’incertitude qui règne alors sur l’Europe. Antonio Scurati nous montre comment l’Italie fasciste, malgré son impréparation militaire, s’est laissée entraîner dans la spirale de la guerre par la fascination exercée par Hitler et par la volonté de Mussolini de jouer un rôle de premier plan sur la scène internationale.
M, Les derniers jours de l’Europe nous offre un portrait saisissant des principaux acteurs de cette tragédie, de Mussolini à Ciano, de Chamberlain à Churchill. Il explore leurs motivations, leurs doutes, leurs erreurs et leurs responsabilités face à l’Histoire. On y découvre un Ciano cynique et opportuniste, aveuglé par sa propre vanité ; un Chamberlain naïf et conciliant, prêt à tout pour éviter la guerre ; un Churchill lucide et déterminé, prêt à affronter l’Allemagne nazie.
Plus qu’une simple reconstitution historique, M, Les derniers jours de l’Europe nous invite à une réflexion profonde sur les mécanismes qui ont conduit à la Seconde Guerre mondiale et sur les dangers des nationalismes, des populismes et de l’aveuglement idéologique.
Un projet monumental pour l'Europe d'aujourd'hui
Avec la publication du troisième tome, le projet « M » d’Antonio Scurati n’est pas une fin. Car ces trois romans, qui retracent l’ascension et la chute du fascisme italien, constituent un monument littéraire et historique d’une importance capitale pour l’Europe d’aujourd’hui.
Alors que les populismes, les nationalismes et les extrémismes ressurgissent à travers le continent, l’œuvre de Scurati nous rappelle les dangers de l’oubli et de l’indifférence. Elle nous invite à une réflexion profonde sur les mécanismes de la manipulation, de la propagande et du culte de la personnalité, et nous enjoint à défendre les valeurs démocratiques et humanistes.
L’histoire du fascisme italien n’est pas seulement une page sombre du passé, elle est aussi un avertissement pour l’avenir. L’œuvre de Scurati nous montre comment une démocratie fragile peut succomber aux sirènes de l’autoritarisme, et nous invite à la vigilance et à l’engagement.
Ce projet monumental ne s’achève pas avec le troisième tome. Deux autres volumes sont annoncés. Antonio Scurati, par sa puissance narrative et sa rigueur historique, construit un phare pour l’Europe d’aujourd’hui, un appel à la conscience et à la responsabilité
Soyons nombreux pour faire à Antonio Scurati un triomphe à Perpignan !
Chroniqueur : Jean-Jacques Bedu
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