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Le 16 septembre 2023, la chaîne libanaise Mayadeen TV a diffusé un reportage sur l’indignation des Gazaouis devant le nouveau code de conduite édité par l’UNRWA. L’UNRWA est l’agence de l’ONU qui s’occupe exclusivement des réfugiés palestiniens, les seuls au monde à ne pas dépendre du Haut-commissariat aux réfugiés.

Il y a réfugiés et Réfugiés

Les conditions de l’UNRWA pour obtenir le statut de réfugié sont beaucoup plus laxistes que celles du droit commun et elles ne comportent aucune des limites qui s’appliquent aux réfugiés lambda. De surcroît, elles définissent un statut héréditaire sans limitation de durée. C’est ce qui explique que le Haut-Commissariat aux Réfugiés (HCR) essaie de réinstaller ses protégés au plus vite, afin d’en diminuer le nombre et de pouvoir passer aux victimes d’autres conflits ou d’autres catastrophes, alors que l’UNRWA cherche à multiplier les siens, afin de justifier son existence et ses revenus. Pour le HCR un réfugié est :

Une personne qui, par suite d’événements survenus avant le 1er janvier 1951 et craignant avec raison d’être persécutée du fait de sa race, de sa religion, de sa nationalité, de son appartenance à un certain groupe social ou de ses opinions politiques, se trouve hors du pays dont elle a la nationalité et qui ne peut ou, du fait de cette crainte, ne veut se réclamer de la protection de ce pays. (1)

La définition du HCR comporte un « mais » en forme de date de péremption :

Cette Convention cessera d’être applicable à toute personne visée par les dispositions de la section A ci-dessus : 1) Si elle s’est volontairement réclamée à nouveau de la protection du pays dont elle a la nationalité ; ou 2) Si, ayant perdu sa nationalité, elle l’a volontairement recouvrée ; ou 3) Si elle a acquis une nouvelle nationalité et jouit de la protection du pays dont elle a acquis la nationalité ; ou 4) Si elle est retournée volontairement s’établir dans le pays qu’elle a quitté ou hors duquel elle est demeurée de crainte d’être persécutée.

Elle comporte aussi une clause de déchéance du statut :

Les dispositions de cette Convention ne seront pas applicables aux personnes dont on aura des raisons sérieuses de penser : a) qu’elles ont commis un crime contre la paix, un crime de guerre ou un crime contre l’humanité, au sens des instruments internationaux élaborés pour prévoir des dispositions relatives à ces crimes ; b) qu’elles ont commis un crime grave de droit commun en dehors du pays d’accueil avant d’y être admises comme réfugiées ; c) qu’elles se sont rendues coupables d’agissements contraires aux buts et aux principes des Nations Unies.

Rien là que de très normal et logique. Si le monde fonctionnait de façon normale et logique, les mêmes conditions s’appliqueraient à tous les réfugiés et l’exception « réfugiés Palestiniens » n’existerait pas. Or elle existe. Le nom de leur organisme de tutelle, l’UNRWA, est l’acronyme de « Office de secours et de travaux des Nations unies pour les réfugiés de Palestine », sauf que l’acronyme s’arrête aux secours et ne mentionne pas les « réfugiés de Palestine ». La raison en est probablement qu’il n’a jamais existé, au Moyen-Orient ou ailleurs, un pays nommé Palestine.

Le pays le plus médiatisé au monde est un pays qui n’a jamais existé

L’archéologie montre qu’il a existé, sur l’emplacement de l’actuel État d’Israël, plusieurs royaumes juifs, pas seulement ceux des rois David et Salomon.

David, personnage biblique, deuxième roi d'Israël (vers 1010-vers 970 avant JC.). Figure biblique prestigieuse, David a érigé un royaume prospère allant de l'Euphrate à la Méditerranée, de Tyr à la mer Rouge ; il est le fondateur d'une dynastie qui a régné sur les Hébreux durant quatre siècles (de 995 à 586 avant JC). (2)

Salomon, né vers 1010 av. JC, était son dixième fils. Il régna 40 ans, comme son père, et accrut la paix et la prospérité du royaume. À sa mort, une guerre de succession se conclut par une scission. Au nord, le royaume d’Israël, qui rassemblait dix tribus ralliées à Jéroboam, eut successivement pour capitales Sichem puis Samarie. Au sud, le Royaume de Judée, où seules les tribus de Juda et de Benjamin étaient dirigées par Roboam, avait Jérusalem pour capitale. Israël subsista aux assauts de ses envahisseurs jusqu’en 722 av. JC, la Judée 135 ans de plus, jusqu’en 587 av. JC.
Des dizaines de conquérants tentèrent ensuite de conquérir la terre des Juifs : les Grecs, les Romains, Byzance, les Ottomans… Ils transformèrent le royaume prospère en sous-préfecture misérable, mais ne réussirent jamais à en chasser tous les fils d’Israël.
C’est l’empereur romain Hadrien qui, en 135 de notre ère, pour punir ces « Gaulois » Juifs de leur résistance acharnée, avait remplacé le nom de leur pays par celui de leurs ennemis historiques, les Philistins. Les Philistins ont disparu, mais il reste le souvenir de deux d’entre eux : le champion Goliath, vaincu par David et la séductrice Dalila, qui a émasculé le puissant Samson en lui coupant les cheveux.
Hadrien avait aussi baptisé (au sens propre) Jérusalem du nom romain de Colonia Ælia Capitolina, mais ce nom disparut très vite des mémoires.

Les temps modernes

À la fin de la Première Guerre mondiale, le pseudonyme de Jérusalem n’était plus employé par personne et les ex-royaumes d’Israël et de Judée avaient été découpés, comme tout le Moyen-Orient, par la Triple Entente, qui avait vaincu l’Empire Ottoman. Ils démembrèrent l’empire et se répartirent le butin : les Français prirent la Syrie et le Liban et les Anglais reçurent mandat de la SDN pour préparer l’avènement d’un Foyer national juif dans ce qui fut, pour cette raison, appelé la « Palestine mandataire ».
Passons rapidement sur le rapt de 78 % de ce territoire par Churchill qui en 1922, était secrétaire d’État des colonies. Fin saoul, il n’en déclara pas moins sobrement « un dimanche après-midi, au Caire, d’un trait de plume, j’ai créé la Transjordanie. (3) » 
Arrivons, en 1947, à la partition décidée par l’ONU des 22 % restants, partition acceptée par les Juifs et refusée par les Arabes. Le lendemain de la proclamation d’indépendance du nouvel État d’Israël, le 14 mai 1948, la Syrie, le Liban, l’Irak, l’Égypte et la Transjordanie l’attaquèrent.

De cet engagement militaire, le royaume retire une extension de son territoire, enrichi de la Cisjordanie et de Jérusalem et le Parlement du royaume de Transjordanie approuve officiellement en 1950 l’union des deux rives du Jourdain en un seul État, rebaptisé Royaume hachémite de Jordanie.. (4)

Les réfugiés light pèsent très lourd sur les budgets européens

Pour l’UNRWA, un réfugié est :

Une personne dont la résidence normale était la Palestine pendant la période du 1er juin 1946 au 15 mai 1948, et qui ont perdu leur foyer et leurs moyens de subsistance à la suite du conflit de 1948. Les descendants de Palestiniens mâles, y compris les enfants légalement adoptés, sont également concernés. Les services de l'UNRWA sont accessibles à tous ceux qui vivent dans ses zones d'opérations et qui répondent à cette définition, qui sont enregistrés auprès de l'Agence et qui ont besoin d'assistance. Lorsque l'Office a commencé ses opérations en 1950, il répondait aux besoins de quelque 750 000 réfugiés palestiniens. Au 31 décembre 2022, 5 900 000 réfugiés palestiniens sont admissibles aux services de l'UNRWA (5)

Plusieurs remarques sur les chiffres et les lettres particuliers de cette agence onusienne seule de son espèce : en ce qui concerne les lettres, la définition d’un réfugié lambda est une personne qui « se trouve hors du pays dont elle a la nationalité. » Cela ne peut donc s’appliquer à ce qu’on appelle aujourd’hui « les Palestiniens », puisque nul État nommé Palestine n’existait à l’époque, qui eût pu leur accorder une nationalité. Il suffit à n’importe quel migrant d’avoir passé deux ans sur place pour pouvoir revendiquer le statut de « réfugié palestinien » pour lui-même et ses descendants jusqu’au Jugement dernier.
Au sujet des chiffres, on notera que les Arabes de Palestine (c’est ainsi qu’on les appelait, à l’époque, car « Palestiniens » désignait les Juifs) étaient 750 000, avant qu’une majorité d’entre eux quitte le futur champ de bataille. Il en est resté sur place 156 000, qui sont aujourd’hui deux millions de citoyens israéliens. L’UNRWA amalgame ceux qui n’ont pas fui à ses protégés, car plus elle a de réfugiés dans son fonds de commerce et plus les sponsors crachent au bassinet : le Moyen-Orient (un peu), les États-Unis (beaucoup) et l’Europe (à la folie).

De 600 000 en 1948 à presque 6 millions en 2023 : l’UNWRA est productive

L’UNRWA revendique un public de 5,9 millions d’administrés. Mais ces 5,9 millions ne correspondent aucunement à la définition des réfugiés selon le HCR.
C’est pourquoi, en 2015 l’ancien sénateur républicain de l’Illinois, Mark Kirk, qui militait pour la transparence de cette officine, demanda un rapport sur la situation réelle : combien de véritables réfugiés palestiniens y aurait-il si, au lieu d’y ajouter tous les enfants nés depuis quatre ou cinq générations, on leur appliquait la même définition qu’aux autres réfugiés ?

Alors que l'UNRWA apporte son soutien à quelque 5,3 millions de Palestiniens qu'elle prétend être des réfugiés, le nombre réel pourrait être plus proche de 20 000. Cette révélation pourrait changer radicalement la donne en ce qui concerne l'UNRWA et amener les États-Unis à envisager de réduire encore davantage le financement qu'ils lui accordent. (6)

Le département d’État n’a jamais reconnu avoir achevé ce rapport et l’a classé sans suite. En juin 2018, plusieurs sénateurs américains lui ont demandé de le déclassifier. Le Président de l’époque, Donald Trump, voulait cesser de financer ce qu’il considérait comme une usine à réfugiés. D’après le Washington Free Beacon, le département d’État avait classé le rapport sous l’administration Obama et il refusait toujours de fournir aux fonctionnaires américains les informations en question, malgré les lois exigeant leur divulgation.
Trump n’a pas eu plus de succès que son aîné pour le faire déclassifier. Il a quand même cessé de financer l’UNRWA.
L’Union européenne a pris le relais et plusieurs de ses membres (dont la France) ont encore ajouté directement leur écot supplémentaire. Il semblait important que les réfugiés soient des millions et non la vingtaine de milliers qui remplissent encore les conditions du Haut-Commissariat aux Réfugiés.
Lorsque Joe Biden a remplacé Trump, il a aussitôt repris le financement de la filiale onusienne pour les Palestiniens, qui sont aujourd’hui 600 000 de plus qu’en 2015, une croissance démographique de 75 000 personnes par an soit une croissance nette de 1,25 % par an. À titre de comparaison, pendant cette période, celle de la France était de 0,3 %. (7)

C’est ce que raconte le reportage de Mayadeen TV (8)

À Gaza, explique la voix off, les Palestiniens ont massivement rejeté le code de conduite émis par le comité d’Éthique de l’UNRWA, qui promeut l’homosexualité et prétend qu’elle existe parmi les employés de l’UNRWA et parmi les réfugiés. Elle cite le syndicat des employés de l’UNRWA et le Comité conjoint des réfugiés. Employés et usagers estiment que la conduite décrite dans ce code est contraire à leurs « nobles valeurs », puisqu’il promeut des valeurs « déviantes », qui sont antithétiques de celles de la société palestinienne.
Interview de Muhammad Shwadeh, du syndicat des travailleurs de l’UNRWA :

Des ennemis du peuple palestinien se sont alliés pour introduire certaines notions sous prétexte que l’UNRWA a besoin de subventions. Certains pays ont conditionné leur financement à l’introduction de ces notions. Ça a commencé avec le concept de genre et avec l’égalité entre les hommes et les femmes et maintenant ça a atteint le stade où ils exigent des droits pour des groupes qui, non seulement n’existent pas au sein du peuple palestinien, mais en plus sont étrangers à sa culture.

Interview de Mahmoud Khalaf, coordinateur du comité conjoint des réfugiés :

Nous rejetons catégoriquement ce code de conduite et nous n’autoriserons pas qu’il soit distribué parmi les employés et les réfugiés. Nous exigeons qu’il soit immédiatement supprimé et que l’UNRWA s’excuse auprès du peuple palestinien pour cette bourde et pour avoir essayé de présenter ce code de conduite avec des droits pour les homosexuels comme une valeur égalitaire dans la société.

Dans la Palestine officielle, un prêche de l’islamologue palestinien Abd Al-Rahman Al-Zayoud prononcé à la mosquée de Jénine, est visible depuis le 17 septembre 2023 sur la chaîne YouTube Aqsa Call, affiliée au Hizb ut-Tahrir (9). Il dénonce le « Code de conduite » impie :

L'UNRWA, qui est officiellement au service des réfugiés, a distribué à ses employés un code de conduite de 69 pages dans lequel il leur demande de respecter les homosexuels et leurs droits. Si cet appel se heurte à la "culture locale", les lois et les conventions des Nations unies - qui préconisent l'homosexualité - doivent être respectées. Qu'attendent-ils donc de nous ? Qu'attendent-ils de notre société de culture islamique, qui rend l'homosexualité et le lesbianisme passibles de la peine de mort ? Ils veulent que nous respections cela, en nous dépouillant de notre religion ! (10)

Les associations LGBT qui, au nom de l’intersectionnalité des luttes, défilent dans les Gay Prides européennes en scandant « Li-bé-rez la Pa-les-tine du fleuve à la mer », c’est-à-dire sur la totalité du territoire israélien, devraient se méfier de ce à quoi elles aspirent : où fuiront leurs co-militants pour échapper à la prison et à la mort dans les différentes Palestine, si leur souhait vient à se réaliser ?
Le 7 octobre 2023, un essai a été fait dans ce sens par le Hamas. Il a lancé contre les civils israéliens des pogromes d’une ampleur jamais vue depuis la Shoah.
Un voyage de parlementaires français a eu lieu sur place le 15 octobre. L’une d’entre elles a ainsi décrit la situation : « 327 corps de femmes, hommes, enfants, vieillards, bébés, n’ont pas encore été identifiés car carbonisés, découpés en morceaux, fracassés à la hache, guillotinés. Des enfants retrouvés brûlés vifs enlacés, des femmes enceintes éventrées, des vieilles femmes violées puis décapitées. (11) Il faut ajouter à cela les 1400 victimes civiles, torturées avant d’être tuées, les 4500 blessés et les 230 otages razziés le 7 octobre, dont 9 Français.
La seule victoire que le Hamas obtiendra sur le long terme sera médiatique, grâce aux victimes civiles que les représailles ne manqueront pas de faire. Les avertissements israéliens ont permis à 600 000 Palestiniens d’évacuer le nord de la Bande pour le sud, mais nombre d’hommes ont été tués ou emprisonnés par le Hamas pour qu’ils accomplissent leur devoir de boucliers humains.
L’État juif est coincé entre la nécessité d’épargner les vies de ses ennemis et celle d’éradiquer le mouvement terroriste dont la volonté génocidaire ne faillira jamais : sa charte stipule que « L’Heure ne viendra pas avant que (…) les pierres et les arbres eussent dit : « Musulman, serviteur de Dieu ! Un Juif se cache derrière moi, viens et tue-le. » (Article 7)
Le Hamas entraîne les petits enfants dès 3 ans à souhaiter mourir dans le jihad en tuant des Juifs : « Il faut que l’éducation (…) soit une éducation islamique fondée sur l’accomplissement des obligations religieuses, l’étude conscientisée du Livre de Dieu, (…) une étude conscientisée de l’ennemi, de ses ressources matérielles et humaines. » (Article 16)
Les petits apprennent à compter les cercueils des martyrs et les balles nécessaires pour tuer des Juifs dans des manuels scolaires financés par l’Union européenne. Pendant les vacances, ils vont dans des colos tenues par le Hamas, où on leur apprend à tirer à la mitraillette et à utiliser des lance-roquettes. (12)

Les mères palestiniennes sont conditionnées à souhaiter le martyre pour leurs enfants. En 2019, Oum Iyad Al-Ashqar, mère d’un « martyr » palestinien et tante d’un autre, injuriait les mères qui n’offraient pas leurs enfants en sacrifice au nom du Jihad et d’Allah :

Toutes les mères palestiniennes devraient inciter leurs fils à mener le Jihad. … Je salue chaque mère de martyr qui a exhorté ses enfants à mener le Jihad et qui a fait ses adieux à son fils avec des youyous (13)

Muhammad Aliwat, un petit Palestinien de 13 ans, a tiré et grièvement blessé deux Israéliens près de la Cité de David à Jérusalem, le 29 janvier 2023. Son projet était de tuer un maximum de Juifs et d’être lui-même tué par la police ou l’armée. Il a été exaucé. « Pardonne-moi, maman, tu vas être fière de moi » (14), avait-il écrit à sa mère, dans son cahier de classe.

Les droits de l’homme en Palestine doivent s’écrire sans majuscule à Homme, car il s’agit bien des adultes mâles et non de l’humanité, laquelle comprend aussi les femmes et les enfants.

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Chroniqueuse : Liliane Messika

Liliane Messika est essayiste, conférencière, traductrice. Elle a publié plus de 40 ouvrages : essais, biographies, romans.

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