0
100

Voyage intérieur au cœur du chant grégorien millénaire

Xavier Accart et Louis-Marie Vigne, L’Âme du grégorien, entretiens avec Louis-Marie Vigne, Le Cerf, 05/06/2025, 176 pages, 18 €

Découvrez notre podcast

Les premiers chrétiens étaient juifs. Ils chantaient les chants des synagogues, des chants monodiques à une seule voix, a cappella, c’est-à-dire sans accompagnement instrumental. À partir du VI° siècle, ces mêmes chants vont animer et servir le culte catholique. Mais on va les dépouiller de tout ce qui fait trop oriental. Petit à petit, on enlève les mélismes, les variations sur une syllabe. On s’arrange pour que la gamme ne soit pas soumise à des demi-tons générateurs de troubles et surtout, on retire les ornementations trop sensuelles. 
Ce sera l’origine du chant grégorien attribué au pape Grégoire qui a révolutionné la musique sacrée, enrichissant la liturgie de l’Église avec des formes musicales qui portent encore aujourd’hui son nom.

L’héritage de Solesmes

Apprécié pour sa beauté et la pureté de ses lignes mélodiques au service des Écritures saintes, le grégorien — qui se chante sans instrument et en latin — a pendant longtemps été la référence en matière de musique sacrée, abandonné pendant les siècles suivant la Renaissance, avant que les moines de Solesmes sous l’impulsion de Dom Guéranger lui donne un nouvel essor.
C’est à sa découverte qu’est consacrée L’âme du grégorien, un ouvrage d’entretien avec Louis-Marie Vigne, fondateur du Chœur grégorien de Paris et enseignant au Conservatoire supérieur de musique de la même ville.
Un livre aussi attrayant que didactique tel que l’écrit Xavier Accart dans son avant-propos. Celui d’un chrétien observant certes, mais ignorant tout ou presque de cette musique monodique qui va apprendre à en découvrir les beautés au gré d’une rencontre fortuite de voisinage.

J’avais bien souvent participé dans les monastères aux offices grégoriens, mais je n’avais moi-même jamais chanté. Faire résonner en moi cette antienne fut une expérience nouvelle. La douceur mélancolique de la voix du Christ qui préfigurait sa passion me touchait en profondeur. Et, en même temps, des émotions enfouies dans l’écheveau de ma chair se libéraient par la vertu du chant. Les larmes me venaient…

Des sensations prégnantes que le jeune béotien ne va cesser d’éprouver et de parfaire au contact d’un des maîtres du genre Louis-Marie Vigne qui deviendra autant un ami qu’un illustre professeur.

Une leçon de lenteur

Ainsi, par des mots simples, l’auteur va nous faire pénétrer les secrets de ce chant millénaire dont Olivier Messiaen disait « qu’il possédait la pureté, la joie, la légèreté nécessaire à l’envol de l’âme vers la Vérité. »

Une étincelle musicale qui a surtout pour vertu première de mieux percevoir le mystère chrétien à travers sa fonctionnalité liturgique comme souligné dans l’introduction. Proclamation de la Parole biblique appelant d’elle-même le chant sacré, le grégorien est une façon propre à la liturgie romaine de proclamer et d’assimiler la Parole inspirée.
C’est ce qu’explicitera Louis-Marie Vigne dans une réponse à son interlocuteur au chapitre Des secrets d’une voie spirituelle.

Le grégorien nous donne une leçon de lenteur. La parole de Dieu est ralentie en nous par le chant. Cela nous conduit à manger, mastiquer, cet aliment que le Christ dit nourrissant. Un lien entre la Parole et le Pain dans les écritures que développe Marcel Jousse. Nous recevons une parole ; elle nous habite, nous transforme ; en tout cas, retourne vers Celui qui nous l’a donnée.

Scindé en plusieurs autres volets, l’ouvrage constitue tel quel, un témoignage précieux, à la fois spirituel, musical et humain, pour redécouvrir la force vivante du grégorien.

Soutenez notre cause - Soutenez notre cause - Soutenez notre cause

Pour que vive la critique littéraire indépendante.

Nos articles vous inspirent ou vous éclairent ? C’est notre mission quotidienne. Mare Nostrum est un média associatif qui a fait un choix radical : un accès entièrement libre, sans paywall, et sans aucune publicité. Nous préservons un espace où la culture reste accessible à tous.

Cette liberté a un coût. Nous ne dépendons ni de revenus publicitaires ni de grands mécènes :
nous ne dépendons que de vous.

Pour continuer à vous offrir des analyses de qualité, votre soutien est crucial. Il n’y a pas de petit don : même une contribution modeste – l’équivalent d’un livre de poche – est l’assurance de notre avenir.

Rarement un roman ne donne l’impression d’entrer à la fois dans une maison, un village et une mémoire comme Kaïssa, chronique d’une absence.

Dans les hauteurs de Kabylie, on suit Kaïssa, enfant puis femme, qui grandit avec un père parti  en France et une mère tisseuse dont le métier devient le vrai cœur battant de la maison. Autour d’elles, un village entier : les voix des femmes, les histoires murmurées, les départs sans retour, la rumeur politique qui gronde en sourdine. L’autrice tisse magistralement l’intime et le collectif, la douleur de l’absence et la force de celles qui restent, jusqu’à faire de l’écriture elle-même un geste de survie et de transmission.

Si vous cherchez un roman qui vous serre le cœur, vous fait voir autrement l’exil, la filiation et la parole des femmes, ne passez pas à côté de Kaïssa.

À LA UNE - À LA UNE - À LA UNE - À LA UNE - À LA UNE - À LA UNE - À LA UNE - À LA UNE
autres critiques
Days :
Hours :
Minutes :
Seconds