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Marguerite Yourcenar : première immortelle de la littérature

Ouvrage collectif ; Marguerite Yourcenar — La première Immortelle ; Édition Rencontre des Auteurs Francophones ; USA ; 2023 ; 168 p.

On doit au dynamisme de Sandrine Mehrez-Kukurudz, expatriée française à New York, ancienne journaliste et « activiste littéraire », la création de Rencontre des Auteurs Francophones. Autour de cette plateforme, née en 2020, au tout début de la crise Covid, et destinée à contribuer au rayonnement du livre français aux USA comme dans le monde, se greffent aujourd’hui un blog, des évènements, des rencontres, une maison d’éditions qui porte le même nom.

Les deux premiers ouvrages parus en 2023, ont célébré le 80e anniversaire de la naissance du Petit Prince de Saint Exupéry et 120e anniversaire de la naissance de Marguerite de Crayencour, entrée dans la littérature sous le pseudonyme de Yourcenar, anagramme à une lettre près de son nom de famille.
Son élection à l’Académie française, le 6 mars 1980 – première femme à y accéder -, allait permettre à un vaste lectorat parfois dérouté par la complexité et la densité d’une œuvre au style magnifique mais si érudit, si documenté qu’il peut paraître difficile, de découvrir à travers émissions et articles de presse la vie aventureuse d’une écrivaine exceptionnelle.

Sous la direction d’Anna Alexis Michel, le recueil hommage, sous-titré Mélanges en l’honneur de Marguerite Yourcenar regroupe, en puzzle fragmenté, vingt-six textes d’auteurs francophones venus de différents horizons. Une liberté totale leur a été laissée, les renvoyant à leur propre perception d’une œuvre, d’une vie et de la résonance qu’elle a pu avoir sur leur propre existence.
Vingt-six textes de très inégales longueurs, le plus court, l’élégant acrostiche du poète congolais Billy Nzalampangi Ngituka qui clôt le recueil fait huit lignes, le plus long, la fébrile nouvelle intitulée Portrait du nouvelliste Olivier Coutier — Delgosha, 13 pages.

Vingt-six textes et bien des styles différents. Rémy Poignault, émérite spécialiste de l’écriture yourcenarienne, apporte une riche contribution sous forme d’une étude de la quête de liberté chez l’autrice et ses personnages masculins, Jean Jauniaux, critique littéraire narre un souvenir de voyage qui lui a, peut-être, permis d’entrevoir la romancière dans la femme à la silhouette massive dont le voile flottait au vent sur les remparts d’Essaouira en 1987.
D’aucuns ont contribué par une poésie, vers libres ou classiques sonnet.
Ou sous forme de correspondance, parfois très personnelle mais aussi « à la manière de », telle la très belle Lettre d’adieu du roi Henri Ier d’Agnès Castéra, auteure née en Haïti.
Vingt-six textes sous la couverture blanche où l’aquarelliste Sandra Encaoua Berrih a fixé la bienveillance du sourire et la vivacité d’un regard.

Ils forment un kaléidoscope d’impressions, de sensations, de savoirs qui font revivre la femme que l’immortalité d’une institution, si renommée soit-elle, ne pouvait figer. Celle qui préférait aux honneurs la fréquentation des auteurs de l’Antiquité et des humanistes. Celle qui aimait son refuge de Petite Plaisance, sur l’île des Monts déserts dans le Maine, la présence de Grâce Frik, ou de Jerry Wilson, la nature et les animaux.

Belle initiative, l’éditrice a laissé généreusement une dizaine de feuillets vierges à la disposition du lecteur qui souhaiterait apporter sa touche personnelle au-dessous de l’invite « Chère Marguerite… « 
Et pourquoi pas ? Elle était cultivée, passionnée, écologiste avant l’heure, dépressive parfois, hypocondriaque aussi, et d’une grande simplicité. Nous trouverions bien sous quel angle l’aborder !

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Rarement un roman ne donne l’impression d’entrer à la fois dans une maison, un village et une mémoire comme Kaïssa, chronique d’une absence.

Dans les hauteurs de Kabylie, on suit Kaïssa, enfant puis femme, qui grandit avec un père parti  en France et une mère tisseuse dont le métier devient le vrai cœur battant de la maison. Autour d’elles, un village entier : les voix des femmes, les histoires murmurées, les départs sans retour, la rumeur politique qui gronde en sourdine. L’autrice tisse magistralement l’intime et le collectif, la douleur de l’absence et la force de celles qui restent, jusqu’à faire de l’écriture elle-même un geste de survie et de transmission.

Si vous cherchez un roman qui vous serre le cœur, vous fait voir autrement l’exil, la filiation et la parole des femmes, ne passez pas à côté de Kaïssa.

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