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Avec Pier Paolo Pasolini – René de Ceccatty

Ter repetita placent ! Avec Pier Pao Pasolini est la troisième édition proposée par René de Ceccatty. La première est aux éditions du Scorff en 1998, la seconde – toutes deux intitulées Sur Pier Paolo Pasolini – aux éditions du Rocher en 2005, à l’occasion du trentième assassinat de PPP, la présente, derechef aux éditions du Rocher, à l’occasion du centenaire de la naissance de PPP le 5 mars 1922, et pour lequel une autre chronique – Tout sur Pasolini, ouvrage collectif aux éd. Gremese – fut ici écrite. Dire que de Ceccatty est lié à Pasolini est un euphémisme. On pourrait dire, pour pasticher René Goscinny, que René de Ceccatty est tombé dans la marmite pasolinienne dès son plus jeune âge et que son esprit ne l’a plus jamais quitté depuis. En effet, le romancier, critique, enseignant, conférencier, traducteur et éditeur est amoureux du romancier, poète, cinéaste, peintre, musicien et artiste, le maître à penser qui a marqué et influé son propre destin et sa vie professionnelle. Tout débute en 1970, lorsque l’auteur, fort de l’insouciance de ses 17 ans, demande à PPP (48 ans) s’il accepterait de lire le manuscrit qu’il a écrit, bouleversé par la vision du film Théorême et par la lecture du roman (dans la langue de Dante). Contre toute attente, PPP lui répond et accepte, et l’auteur lui envoie son manuscrit. Inscrit à l’Université de Pérouse, il se rend, sans prévenir, à Rome rencontrer Pasolini, mais celui-ci est absent. Il lui enverra une lettre à la Cité universitaire de Pérouse, puis l’appellera – « Cela avait fait un certain effet, son nom était connu et sulfureux » – et lui enverra une seconde lettre, mais les deux hommes ne purent jamais se rencontrer. Ainsi en avaient décidé les Moires ! L’auteur évoquera cet épisode dans La sentinelle du rêve (Michel de Maule, 1988) et L’étoile rubis (Julliard, 1990).

Inspiré et infatigable, René de Ceccatty a publié une quarantaine de romans (L’accompagnement, Aimer, Raphael et Raphael… des essais (Un renoncement, Noir soucis… des biographies (Pasolini, Maria Callas, Violette Leduc, Elsa Morante), des traductions en italien (Pasolini (dont il est spécialiste), Dante, Bonaviri, Moravia, Savinio, Penna, Naldini, Leopardi, Palandri, Saba, Visconti… et en japonais (Kenzaburo, Soseki… Il a travaillé pour le cinéma (co-scénariste de Violette de Martin Provost), le théâtre (Alfrefo Arias) et l’opéra (Giorgio Ferrara). Également directeur littéraire, il a publié Gilles Barbedette, Rabah Belamri, Marie-Claire Blais, Giuseppe Bonaviri, Patrick Chamoiseau, Olivier Charneux, Agnès Clerc, Patrick Drevet, Marguerite Duras, Catherine Lépront, Édouard Louis, Sylvia Baron Supervielle, Chantal Thomas, Andréi Vieru, Antoine Volodine, Anne Weber… Il a créé la Collection Haute Enfance aux éd. Hatier (reprise chez Gallimard) et fondé aux éd. du Seuil les Collections Solo et Réflexion. Il collabore au Monde et dans de nombreuses revues (NRF, Quinzaine littéraire, Magazine littéraire, Masques, Europe, Nuovi Argomenti, Il Messaggero…).

La présente et nouvelle édition, conséquente (forte de 558 pages), rassemble des articles, études, textes et entretiens, qui consacrent plus de 40 ans de travail de l’auteur sur Pasolini dans des revues, livres et conférences (mais excluant les préfaces et les textes non écrits en français). Elle est divisée en cinq grandes sections : 1) Le poète, le romancier et le polémiste. 2) Le cinéaste, dramaturge et peintre. 3) Pasolini et les autres. 4) La mort. 5) Entretiens et projets (nouvelle partie de la 3° édition). Entre les deux dernières éditions, distantes de 17 ans, deux idées maîtresses dominent : 1) la mort, qui « achève » la seconde édition, traduit le traumatisme des amis marqués par un assassinat haineux et ignoble : « son corps a été découvert, massacré, battu à mort par un pieu de bois arraché à une clôture et écrasé par les roues de sa propre Alfa Romeo ». Pis encore, le deuil perdure car « la vérité n’est toujours pas connue sur l’identité de ses assassins. Assassins au pluriel ? C’est précisément le problème sur lequel personne ne peut trancher ». 2) L’optimisme, qui marque la nouvelle partie, Entretiens et Projets, ouvre de nouvelles portes où l’élève, élevé au rang de spécialiste et sollicité par les admirateurs pasoliniens, fait découvrir et revivre le maître aux néophytes et même aux anciens et adeptes. Sont présentés : un entretien avec les Passeurs de Textes, libraires à Troyes (novembre 2010, sur Pasolini, le Leonard de Vinci de la littérature au destin hors normes (comme sa mort) ; des propos recueillis par Flora Cascini (octobre 2015) sur l’importance de Pétrole, son chef d’œuvre inachevé, et sur l’homosexualité du poète à la fois catholique et marxiste ; un entretien avec Gwénola David (2018) sur le problème du discours et du mythe via l’oralité et le langage cinématographique ; des Réponses à Giulia Endrigo (2015) sur Pasolini le poète frioulan ; deux entretiens avec Nicolas Dutent (2015 et 2020) sur l’homme et son œuvre ; un entretien avec Sébastien Madau (mars 2016) sur la mort de Pasolini. Enfin, Vita Violenta conclut symboliquement ces textes. Références des textes (4 pages), Bibliographie sélective (9 pages), Filmographie (4 pages), Table des matières (4 pages) et Du même auteur (2 pages) ferment le tout. Avec Pier Paolo Pasolini, René de Ceccatty partage sa Passion de Pasolini, distillant, par petites époques et touches vibrantes, des textes bien ciselés que chacun(e) découvrira au gré de ses envies.

Ceccatty, René de, Avec Pier Paolo Pasolini, le Rocher, 02/03/2022, 1 vol. (557 p.), 24€.

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Rarement un roman ne donne l’impression d’entrer à la fois dans une maison, un village et une mémoire comme Kaïssa, chronique d’une absence.

Dans les hauteurs de Kabylie, on suit Kaïssa, enfant puis femme, qui grandit avec un père parti  en France et une mère tisseuse dont le métier devient le vrai cœur battant de la maison. Autour d’elles, un village entier : les voix des femmes, les histoires murmurées, les départs sans retour, la rumeur politique qui gronde en sourdine. L’autrice tisse magistralement l’intime et le collectif, la douleur de l’absence et la force de celles qui restent, jusqu’à faire de l’écriture elle-même un geste de survie et de transmission.

Si vous cherchez un roman qui vous serre le cœur, vous fait voir autrement l’exil, la filiation et la parole des femmes, ne passez pas à côté de Kaïssa.

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