Collectif , La guerre antique, Perrin & Guerres et histoire, 28/10/2021, 1 vol. (397 p.), 35€.
Historien, journaliste, écrivain, Jean Lopez est bien connu des lecteurs de la revue Guerres & Histoire puisqu’il en est le réputé rédacteur en chef. Cette revue publie régulièrement dans chacun de ses numéros au moins un article sur la guerre antique. Les éditions Perrin ont accepté de rassembler le meilleur de ce travail et de le présenter à nouveau sous la forme d’un « beau livre ».
Malgré son titre, cet ouvrage ne prétend pas être une encyclopédie complète ou une histoire chronologique de la guerre antique. Il propose plutôt une série d’analyses approfondies et pertinentes qui offrent une vision accessible et mise à jour des aspects clés d’une période cruciale et fondatrice. Grâce à une écriture agréable et une esthétique séduisante, il permet d’explorer un sujet malheureusement toujours d’actualité : la guerre, où l’humanité met souvent ses meilleures ressources au service des pires desseins.
Cette nouvelle présentation est très intéressante, car elle regroupe sous quatre corps de thématiques détaillées en une soixantaine de chapitres tous les aspects de la bataille antique. Tout d’abord « Guerres et batailles » ; puis « Armes et tactiques » ; « Les chefs » ; et enfin « Les troupes ». Cette grande fresque inédite développe toutes les questions que l’on peut se poser. Comment faisaient-ils la guerre ? Avec quelles armes ? Avec quels équipements ? Comment étaient menés les sièges ? Quelle nourriture ? Quelles tactiques ? Comment des économies, alors de simples subsistances, n’ont cessé de financer des armées toujours renouvelées ?
Traditionnellement l’Histoire de l’Antiquité débute avec l’invention de l’écriture vers 3300-3200 avant J-C. et se termine avec la chute de l’Empire romain le 4 septembre 476 qui voit l’abdication de Romulus Augustule, dernier empereur de l’Empire romain d’Occident. Comme l’écrit Jean Lopez :
L’Antiquité fascine parce qu’elle demeure pour la majorité une terra incognita peuplée de héros, de demi-dieux, de conquérants extraordinaires, un coin presque magique de l’aventure humaine où, avec des moyens technologiques réduits, se sont bâties des dizaines d’empires et de civilisations dont la plupart ont disparu corps et biens.
Qui ne connaît Nabuchodonosor et Cyrus le grand, Philippe de Macédoine et son fils Alexandre, Scipion l’Africain, Pompée et Jules César, Hannibal ou Attila ? Sont donc traitées les batailles où l’on voit la mise en application ou l’apparition de nouvelles tactiques. C’est à cette époque qu’est née la poliorcétique ou art et science de mener un siège ou de le défendre. Cette connaissance et toutes les machines de siège inventées et utilisées dès Philippe II de Macédoine et Alexandre le Grand ont été utilisées jusqu’à la fin du Moyen-Âge pour faire tomber murailles et fortifications. Nous voyons les légions romaines et les phalanges macédoniennes à la manœuvre, les éléphants d’Hannibal, ces ancêtres du char d’assaut, les cataphractaires, ces cuirassés de choc venus d’Asie. Bien d’autres techniques et tactiques sont développées, toujours de manière synthétique et claire avec moult cartes et infographies, au service d’un texte aéré, écrit dans un style vif, journalistique dans le meilleur sens du terme.
De cette manière, une douzaine de batailles sont décrites, allant de Qadesh aux Champs Catalauniques et de Marathon à Andrinople.
Juste un exemple. C’est à la bataille de Leuctres en 371 avant J-C, que Sparte, la puissance dominante de l’époque, qui a écrasé Athènes, et dont la réputation militaire n’est plus à faire, a été mise à genoux en quelques heures par un général thébain, Épaminondas qui prend une initiative jamais vue : la disposition de ses 7 000 hoplites, cavaliers et peltastes, en ce que l’on a appelé « l’ordre oblique » (à découvrir dans le livre) face aux 10 800 fantassins et cavaliers de Cléombrotos, roi de Spartes. Et le monde, stupéfait, a vu le triomphe de la géométrie sur le nombre.
Une dizaine d’historiens ont apporté leur concours à cette œuvre magistrale, aux premiers rangs desquels Frédéric Bey, Pierre Grumberg et surtout Éric Tréguier. Que dire des illustrations de Giuseppe Rava, extraordinaire illustrateur de la chose militaire et peintre virtuose de la guerre antique. Un glossaire en fin d’ouvrage vient compléter cette somme incontournable sur les armées antiques. Un futur classique.
Chroniqueur : Dominique Verron
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