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La Révérence de l’éléphant – Laura Trompette

« Depuis l’enfance, je rêve en grand et le mot « impossible » ne fait pas partie de mon dictionnaire. »
Cette déclaration nous laisse entrevoir un vaste pan de la personnalité de Laura Trompette.
Depuis son plus jeune âge, cette autrice se donne les moyens de vivre ses rêves !
Enfant solitaire, elle a su trouver une aide dans l’écriture et, en grandissant, nourrir son imagination de la diversité de ses lectures puis de ses expériences et de ses passions. « La révérence de l’éléphant » est son huitième roman.
Si ses précédents romans ont rencontré le succès qui lui a permis de persévérer, c’est que Laura Trompette sait choisir des thèmes qui ne laissent pas indifférents. Elle touche donc un très vaste public.
De « La Révérence de l’éléphant », paru aux Éditions Charleston, elle reconnaît que ce livre lui a demandé le plus de travail et de recherches sur le terrain.
Que cache donc ce titre métaphorique ?
Le terme de révérence exprime bien l’idée d’un salut respectueux voire craintif, répondant à des codes stricts, s’apparentant à ceux d’un dressage.
Mais « tirer sa révérence », depuis le XVIIIe siècle, c’est aussi l’idée de l’abandon, du renoncement, voire de la mort.
L’image de couverture, celle d’un vol d’oiseaux migrateurs sur un fond haut en couleur et en reliefs, nous ramène à l’idée d’un départ vers d’autres cieux. Ce seront donc ceux de la Tanzanie.
Laura Trompette, en narrateur omniscient, a construit son roman avec un remarquable souci d’équité dans le traitement accordé à ses trois personnages principaux.
Un bref prologue suffit à les présenter, et quelques lignes à les situer dans le temps et dans l’espace.
Une succession de courts chapitres parfaitement réguliers nous permettra de les approcher au plus près dans leurs vies, leurs quotidiens, leurs questionnements ou leurs certitudes.
Nous sommes au cœur d’une œuvre romanesque et sentimentale, où vont se rassembler trois destins sur un fond de paysages tanzaniens somptueux et sauvages. Elle nous promène des hauteurs du cratère du Ngorongoro à la caldera circulaire où vit le fameux Big Five : « sanctuaire saisissant pour tout être qui a la chance de l’observer ».
Marguerite, grand-mère tendre et énergique, n’est pas du tout disposée à se laisser achever par son cancer dans son EPHAD parisien, et Laura Trompette réussit un audacieux parallèle entre cette vieille dame, déterminée à choisir sa fin de vie, et la matriarche du troupeau d’éléphants qui force les clôtures précaires d’un village Maasaï pour reconquérir son territoire.
Autour de l’adieu à cette forte personnalité que les ans ont rendue si fragile, Emmanuel, son petit-fils, l’amoureux de l’Afrique et la fantasque et généreuse Roxane créeront les liens qui donnent à cette histoire une belle impulsion.
L’auteure écrit avec une grande fluidité dans le style. L’utilisation du présent d’énonciation et de nombreux dialogues y contribuent. Elle aborde frontalement les thématiques si actuelles de la fin de vie, du suicide assisté et celle de la protection des espèces dont l’éléphant, objet de la plus brutale cupidité humaine, devient ici un éloquent symbole.
Mais au-delà, Laura Trompette pose aussi la question de l’avenir d’un pays parmi d’autres, où le tourisme refoule et sédentarise la population autochtone, où l’éducation des filles est négligée et où se pratique l’excision…
Sans doute faudra-t-il encore des volontés autres que celle du nouveau couple Roxane – Emmanuel, si enthousiaste soit-il, pour éduquer, changer les mentalités, éloigner les convoitises mortifères.
Mais le pessimisme n’est pas dans la nature de Laura Trompette. Et toute son attention se porte vers l’avenir.
L’épilogue, par un parallélisme habilement construit, semble ouvrir la porte vers une réelle espérance : celle du triomphe de la vie et d’un partage apaisé de l’espace et des richesses d’un territoire !

Christiane SISTAC
contact@marenostrum.pm

Trompette, Laura, « La Révérence de l’éléphant », Charleston, 09/02/2021, 1 vol. (380 p.), 19,00€

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