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François Jonquères, La Révolution vagabonde, Éditions Glyphe, 06/2023, 234p, 20€.

François Jonquères nous avait prévenus en 2016 dans La Révolution buissonnière (Éditions Pierre Guillaume de Roux) : “Ceci est un roman dans lequel ce qui est vrai demeure vrai et ce qui est faux ne l’est pas”. Il réitère aujourd’hui dans La Révolution vagabonde en reprenant le fil de la vie de son ancêtre François de Llucia.
Si le révolutionnaire, militaire, député girondin et maire de Perpignan, François-Xavier de Llucia est officiellement mort en 1794 selon les livres d’Histoire, il échappe à la Terreur et à la maladie dans l’histoire contée par son lointain descendant…

La résurrection d'un révolutionnaire

Dans un récit épistolaire, au gré des découvertes de courriers, billets, pages de journaux et carnets, l’auteur peut ainsi continuer à raconter l’histoire d’amour entre Llucia, dit Ll., et Madame de Lausanne, dite L., depuis la sanglante France de cette fin de XVIIIe siècle, en passant par les États-Unis d’Amérique naissants, jusqu’à la campagne Napoléonienne d’Égypte.
En parallèle, l’écrivain François Jonquères devient lui-même personnage d’un autre récit, voire d’une méta fiction, dans laquelle son double découvre comment son ancêtre a survécu miraculeusement, grâce à la descendante américaine de Madame de L., la si bien nommée Hell(e), qui a conservé des traces écrites de ce destin incroyable.

Un périple hallucinant à travers les récits enchâssés

Cette histoire dans l’histoire commence sagement en Irlande, chez un grand écrivain, maître de François Jonquères. On devine les traits de Michel Déon bien sûr, mais attention aux faux-semblants dans un récit où tout est double…
Lors de cette dernière rencontre, l’homme de lettres sur la fin de sa vie donne une ultime leçon de liberté à son disciple :

Le roman, enfin, mérite et exige toutes les audaces, la folie y est bon sens, l’impossible toléré, la routine châtiée, l’abject y marche main dans la main avec la vertu… Les poneys sauvages batifolent heureux dans les prés de l’esprit, les vols d’étourneaux et de moineaux remplissent des pans de ciel jamais observés, les rivières s’échappent de leur lit, tournent cascades, ruissellent en trombes que rien n’arrête ; les frontières sont abolies, les règles blackboulées, foulées aux pieds, souillées de merveilles inédites, de délires orgiaques…

Le précepte est suivi immédiatement. Dès l’océan Atlantique traversé, on quitte ainsi la trompeuse sagesse de la campagne irlandaise pour une aventure hallucinante aux côtés de Helle qui se révèle “Reine des salopes” ou de “Bob la raclure”, confrère avocat milliardaire de François Jonquères. Tout débute dans un “imbroglio new-yorkais aux allures de farce géante” avant de passer par l’Ouest américain puis un retour en France.
Impossible de trop en dire sans gâcher l’effet de surprise de cette folle et enjouée suite de récits enchâssés, entrecoupée par des Céliniens “Billets d’humeur de l’oncle Ferdinand” ou des prétendues notes de l’éditeur.

L'éclatante liberté des récits débridés

Le récit encadré déborde tous les cadres, on monte dans un grand huit lubrique sous le patronage de Laclos, mais surtout du divin marquis de Sade. On croise des sosies, des mystérieuses amazones, des riches pervers, des esclaves sexuels, Mickey, Donald et même les Village People !
De ces pages où on baigne dans le sang, le sperme, la merde, on ne sort bizarrement pas écœuré, mais ravivé par tant de liberté. Le vénérable écrivain nous avait prévenu…

Image de Chroniqueur : Olivier Amiel

Chroniqueur : Olivier Amiel

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