Jean-Christian Petitfils, La sainte tunique d’Argenteuil – Authentique relique de la Passion du Christ, Tallandier, 14/11/2024, 193 pages, 18,90€
Issu du latin « ostensia », l’ostension est une cérémonie religieuse consistant à montrer aux fidèles, des reliques aptes à susciter un surplus de ferveur.
Célébrée en pratique tous les cinquante ans, c’est une ostension exceptionnelle qui se déroulera du 18 avril au 11 mai 2025 pour célébrer la Sainte tunique d’Argenteuil, concomitamment au Jubilé mondial annoncé par le pape François.
Et c’est en prélude de ce grand événement que Jean-Christian Petitfils a voulu faire le point sur les origines de cette précieuse relique. Une étude historique et scientifique à la fois, ayant trait aux diverses recherches effectuées depuis 130 ans, menée avec la plus grande acuité par un auteur des plus spécialisés.
Car, s’il est surtout reconnu par ses nombreuses biographies de personnages du Grand Siècle, Louis XV, Louis XVI et autres Nicolas Fouquet, cet historien-politologue l’est plus encore par ses ouvrages relatifs à la spiritualité. Son remarquable essai sur Jésus par exemple et Le dictionnaire amoureux de Jésus, ainsi que celui sur Le Saint Suaire de Turin qualifié d’enquête définitive, tant l’analyse déployée au plan de l’histoire, de la science et de la foi qui sous-tend le livre, est parfaitement étayée.
Conformément au récit de l’apôtre Jean
Ainsi, en va-t-il de même pour La Sainte tunique d’Argenteuil qui, avec la Couronne d’épines de Notre-Dame, le Linceul de Turin et le Suaire d’Oviedo est l’une des reliques les plus sacrées de la Chrétienté.
Elle passe en effet, pour être la « tunique sans couture » portée par Jésus-Christ le 3 avril de l’an 33 lors de son procès devant Ponce Pilate et sur le chemin de Croix, avant d’être tirée au sort par les soldats romains, puis récupérée par les premiers chrétiens.
Un premier volet essentiel lié à l’Écriture néotestamentaire, référencé certes par les évangélistes Mathieu, Marc et Luc mais bien plus par « l’apôtre que Jésus aimait » comme l’auteur le spécifie.
Des quatre, Jean, seul témoin oculaire au pied de la croix, en compagnie de Marie et de quelques saintes femmes qui allait bientôt héberger la mère de Jésus dans sa maison de Jérusalem, est le plus précis.
Ainsi est-il souligné au chapitre XIX, verset 23 de son évangile :
Lorsque les soldats eurent achevé de crucifier Jésus, ils prirent ses vêtements et en firent quatre parts, une pour chacun. Restait la tunique ; elle était sans couture tissée d’une seule pièce depuis le haut. Les soldats se dirent entre eux : Ne la déchirons pas, tirons plutôt au sort à qui elle ira.
Au crible des analyses scientifiques
Ce vêtement acquis pour un temps par les occupants romains, les riches disciples de Jésus, tels Nicodème ou Joseph d’Arimathie, le rachetèrent comme un objet vénéré du Maître à l’image de la Couronne d’épines, du linceul et des restes de la Croix. Mais une fois conservé par les fidèles contemporains du Christ, qu’est devenu ce précieux linge ?
Ce sera la longue enquête diligentée par Jean-Christian Petitfils qui de Jaffa, – où la fameuse tunique conservée dans un tombeau de marbre – jusqu’à Constantinople dans un premier temps, puis de Charlemagne à Irène l’Athénienne nous conduira au fil des siècles jusqu’au prieuré d’Argenteuil.
Un long périple entaché de maintes exactions parmi lesquelles celle du prince Louis 1er de Bourbon Condé prit la part plus vile lors de la seconde guerre de religion en occupant la basilique avant de profaner les sépultures. Et ce n’est miracle que la Sainte tunique ait pu échapper à la dévastation grâce à la diligence d’un bénédictin qui avait eu le temps de l’ôter de sa châsse et de la cacher.
Deux siècles plus tard, durant la Révolution, la Tunique fut également sauvée d’extrême justesse, et objet depuis d’une large vénération.
Cette longue histoire évoquée, fallait-il encore attester de l’authenticité de la relique, ce à quoi s’est largement attaché l’auteur comme il l’avait fait avec le Saint Suaire de Turin.
De 1882 à 2004, sont ainsi passées au crible les analyses et débats scientifiques concourant toutes à la véracité du vêtement.
Si l’on ajoute à cela l’immense vénération dont la Tunique n’a cessé de faire l’objet et l’accroissement populaire des récentes ostensions, 80 000 pèlerins en 1984 ; 220 000 en 2016, on peut imaginer le succès du printemps 2025.
C’est dire le bien-fondé de l’ouvrage de Jean-Christian Petitfils, rehaussé par une série d’illustrations et un résumé des autres reliques majeures de la tradition chrétienne.
Chroniqueur : Michel Bolasell
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