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Pour son premier livre, Flavien Dupuis nous invite à découvrir l’histoire méconnue de ce roi capétien, Louis VIII, surnommé « le Lion de France ».
Ce livre n’est pas l’œuvre d’un historien, mais qu’importe. Au lacunaire des sources médiévales s’ajoute la partialité plus ou moins connue des auteurs quand ceux-ci ne sont pas anonymes. Flavien Dupuis revendique l’écriture « d’une histoire d’hommes, et aussi, comme on le verra très vite, de femmes ». Et quand les sources ne suffisent pas, il reprend à son compte les propos de l’historien François Furet, pour qui l’histoire était tout autant l’étude des faits qu’affaire d’imagination. Les personnages comme moteur de l’histoire, et en particulier les puissants de ce monde. L’auteur a beau jeu de souligner que « le début du XIIIe siècle offre à l’historien une concentration de personnages illustres […] : Aliénor d’Aquitaine, Philippe Auguste, Richard Cœur de Lion, Blanche de Castille, Simon de Montfort, […] Maurice de Sully, qui fit construire Notre-Dame, le pape Innocent III ou encore Jean sans terre ». Belle galerie de portraits ! Avouons-le, l’histoire qui se raconte est toujours appréciée du grand public, celle que nous aimons, celle que l’on retient, qui appartient à la culture commune, qui suscite l’imaginaire. Tout se passe comme si, l’historien amateur et l’historien confirmé ne parlaient pas toujours de la même histoire. Or, c’est bien souvent l’histoire des personnages qui amène à approfondir un sujet, un événement, une époque, à s’intéresser à la discipline historique.
De ce point de vue, le lecteur n’est pas déçu avec cette passionnante biographie de Louis VIII, dont la mémoire souffre pourtant de la proximité avec nombre de ses contemporains : il est à la fois le fils de Philippe Auguste, l’époux de Blanche de Castille et le père de Saint Louis ! La brièveté de son règne – seulement mille deux cents jours – n’aide pas à se rappeler de ce personnage touchant, brimé et bridé par son père dont il « était son parfait contraire » et pour lequel l’auteur revendique une affection qui remonte à l’enfance. Pourtant, ce roi éphémère a gagné son surnom sur les champs de bataille. En Guyenne d’abord, à La Roche-aux-Moines en 1214, sa neutralisation des troupes de Jean-sans-Terre permet à son père de remporter la fameuse bataille de Bouvines. Les barons anglais lui proposent alors la couronne, en tant qu’époux d’une des petites-filles d’Aliénor d’Aquitaine. La mort du frère de Richard Cœur de Lion retourne les barons en faveur de son héritier, Henri III. Cet échec cuisant est une leçon pour le futur Louis VIII. Quand, en 1217, l’héritier d’Alphonse VIII de Castille meurt et qu’un parti en faveur de Blanche lui propose la couronne, le couple princier refuse, las du mirage des couronnes étrangères.
L’autre grand fait d’armes est la fin de la croisade dans le Midi, « ce Midi culturellement et juridiquement si différent, ce Midi qui ne donnait plus guère signe de vie depuis que le triomphe de l’art roman avait laissé la place à l’émergence irrésistible de l’architecture gothique, ce Midi dont on appréciait les troubadours mais dont on moquait les habitants, ce Midi indolent et suffocant, ce Midi assoupi, ce Midi oublié, réclamait avec fracas que l’on se souvînt de lui ». En 1209, la croisade contre les Albigeois menée par Simon de Montfort visait à unifier la chrétienté. Or, en 1218, son fils Amaury est toujours en bute à la révolte languedocienne, face au comte de Toulouse Raymond VII. Sans enthousiasme, le prince, encore traumatisé par l’échec anglais, se résout à une expédition dans le Midi, à la demande de Philippe Auguste et du pape. Ce sera « un cuisant échec » selon le mot d’Honorius III. Ce n’est qu’après la mort de son père, et son sacre, que Louis VIII parvient à faire tomber au printemps 1226, Avignon, clef du Languedoc, amenant ainsi la reddition de Nîmes, Castres et Albi.
Las, après avoir contracté la dysenterie durant le siège d’Avignon, le roi s’éteint en novembre la même année, après seulement trois ans de règne. « Volontiers fougueux, Louis VIII n’en était pas moins économe du sang des hommes. […] En cela, il fut conforme en tout point aux codes de la chevalerie : attentif à l’honneur, fidèle à Dieu et à sa dame, défenseur des opprimés. […] Il donna à la chevalerie l’un de ses plus beaux titres, celui d’avoir été incarnée dans toute la plénitude de sa symbolique par un roi de France ».

Marc DECOUDUN
articles@marenostrum.pm

Dupuis, Flavien, « Le lion de France : l’histoire épique du roi Louis VIII », Le Cerf, 02/09/2021, 1 vol. (271 p.), 20€ ; Epub : 12,99€

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