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Il est des auteurs dont on se réjouit toujours de découvrir le nouvel opus comme on le fait du nouvel album d’un musicien que l’on écoute depuis longtemps ou du dernier cru d’un viticulteur dont les vins nous enchantent. Cyril Massarotto, l’écrivain perpignanais, est de ceux dont chaque roman est attendu avec impatience. Il ne déçoit jamais son lectorat de plus en plus étoffé.

« Les dédicaces » n’échappe pas à cette règle. Il marque le passage de son auteur chez Flammarion après plusieurs romans publiés notamment chez XO. On y retrouve le style fluide et efficace de celui qui sait nous toucher et nous surprendre, comme il le fait depuis « Dieu est un pote à moi », traduit en 15 langues.

Claire est une amoureuse des livres (elle en possède 2654 au début du roman), mais une amoureuse un peu particulière puisqu’elle réserve son amour aux ouvrages dédicacés qu’elle chine chez les bouquinistes des quais de Seine. Un livre devient précieux à ses yeux quand il est enrichi d’une dédicace produite par l’auteur à l’attention d’un(e) futur(e) lecteur- lectrice, particulièrement quand cette dédicace raconte elle-même une histoire sur laquelle Claire peut fantasmer, rêver, imaginer. C’est le cas lorsqu’elle découvre l’ouvrage d’un certain Frédéric Hermelage, et surtout la dédicace pleine d’allusions que celui-ci a adressée à une mystérieuse Salomé, compliment suivi de son propre numéro de téléphone. Claire va enquêter sur cet auteur, sur Salomé, au point de franchir allègrement la frontière ténue entre fiction et réalité, entre curiosité et enquête, entre fantasme et véritable histoire d’amour.

Dans ce livre qui parle de livres, Cyril Massarotto dit les amours, les rencontres, les hasards qui n’en sont pas tout à fait, et les destins dont on ne peut maîtriser tous les rebonds. Il s’amuse des postures de ses contemporains, des grandes résolutions prises et non tenues, des jeux auxquels il est parfois dangereux de s’adonner. Dans ce livre qui parle de livres, Cyril Massarotto nous dévoile surtout les coulisses du milieu littéraire, au travers des propos tenus par Claire et dont on devine qu’ils sont largement partagés par l’auteur. Par petites touches humoristiques ou plus caustiques, sont notamment égratignés les Lévy, Musso et consorts qui ont souvent les oreilles qui sifflent, et les différents acteurs du landerneau littéraire dont on retrouve les petits travers et les grandes contradictions. Un sort particulier est réservé aux romans « feel good », ceux qui se parent d’une couverture forcément pastel,et qui contiennent presque à coup sûr le mot « vie » dans leur titre, et dont l’évocation bien sentie nous fait sourire à plusieurs reprises.

Une nouvelle fois, Cyril Massarotto réussit le pari de nous faire passer un joli moment avec un roman bref et efficace dont les rebondissements courent jusqu’à la dernière page. On sourit, on s’émeut, on se réjouit des petites piques qui parsèment « les dédicaces » et l’on se dit, en le refermant, qu’il nous tarde déjà le prochain opus de cet auteur talentueux pour nous régaler toujours plus.

Alain LLENSE
contact@marenostrum.pm

Massarotto, Cyril, « Les dédicaces », Flammarion, 09/09/2020, 1 vol. (263 p.), 20,00€

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