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Synthétique et accessible, le dernier titre de la collection « À l’œil nu », Les Gaulois, vient enrichir le très exigeant catalogue des éditions du CNRS.
Quand on est « déraciné » ou “de souche”, s’approprier ou apprécier sa part de Gaulois a, encore de nos jours, du sens. Les recherches archéologiques des dernières décennies permettent d’affiner nos connaissances sur les Gaulois. L’historien et archéologue Dominique Garcia nous propose de faire le point avec ce court ouvrage et de considérer le sujet avec un regard neuf, « à l’œil nu », c’est-à-dire un regard dépouillé de ce que nous croyons savoir. La succession de chapitres permet de balayer les différents thèmes, la langue, la culture, l’économie, l’organisation politique, le culte et, bien sûr, l’origine.
Car s’il y a une origine à « nos ancêtres les Gaulois », le succès de cette expression s’ancre dans l’origine même de ces groupes de population. Les Gaulois appartiennent à la civilisation celte. Les Celtes, du grec Keltoi, sont bien un concept qui renvoie de manière générique à ces peuples barbares non-hellénophones que fréquentaient les Grecs anciens. Les Romains les appelèrent Gaulois, Galli, mais aussi Germains (au-delà du Rhin), tout en distinguant différentes zones de peuplements (la Transalpine, la Cisalpine, la Celtique, la Belgique…) et différents peuples (les Arvernes, les Éduens, les Séquanes ou les Helvètes par exemple). Il y a donc une unité disparate, si l’on peut dire, de l’occupation du territoire qui est devenu depuis la France. Connaître cette histoire, c’est aussi savoir d’où on vient. « Les peuples ne sont pas des entités immuables, des divisions stables de l’humanité, mais le produit de contingences historiques et économiques, de processus sociaux et politiques, voire d’une action volontaire », rappelle justement l’auteur. Certes les Français d’aujourd’hui ne descendent pas des Gaulois, mais ils nous ont laissés, entre autres, une organisation territoriale que nous retrouvons dans l’implantation et l’onomastique des villes, vestiges d’une culture gauloise commune.
Or, cette culture protohistorique était largement métissée, au moins depuis la fondation de la colonie grecque de Massalia, Marseille, en 600 av. J.-C., qui ouvrait littéralement les territoires des Gaules aux commerces de tous ordres en Méditerranée. Dans les territoires plus reculés, ces populations agro-pastorales sont encore davantage organisées en pagus (pays), autour d’un système propre à chaque tribu. Ces confédérations de pagi ont donné naissance aux civitates que relève César. Il y a d’abord une hellénisation dans le Midi, alors que l’urbanisation est un phénomène naissant en Gaule. La ville est une invention récente, qui a favorisé la multiplication des échanges et la romanisation, en mettant ces nouvelles communautés urbaines dans un état de dépendance. Après la seconde Guerre punique (218-202) et la traversée des Pyrénées et des Alpes par les armées d’Hannibal (et de troupes auxiliaires gauloises recrutées en route), le pourtour méditerranéen est perçu comme un enjeu par Rome. Avant la fin du IIe siècle av. J.-C., le consul Cneus Domitius Ahenobarbus fait réaliser la via Domitia, cette route reliant les péninsules ibérique et italique à travers toute la Gaule narbonnaise. On assiste à l’émergence d’une civilisation gallo-romaine que la conquête de Jules César au milieu du Ier siècle avant notre ère accélère.
Par un véritable talent de synthèse, Dominique Garcia rend accessible à tous, « de 15 à 95 ans » – selon l’adage de la collection – l’état actuel des connaissances sur cette civilisation qui a peuplé notre territoire il y a plus de 2 000 ans. Les illustrations de Jeremy Perrodeau, les cartes et la brièveté des chapitres facilitent encore la lecture pour les lecteurs les plus curieux. Notre curiosité est d’autant plus attisée sur les rapports entretenus par cette civilisation celtique et notre mer, puisque l’auteur a également publié en 2014, aux éditions Errance, La Celtique méditerranéenne.
« Pour affronter le monde globalisé qui est le nôtre, pour supporter ses crises récurrentes, mais aussi pour faire société, se saisir du sensible ou tracer son chemin, il faut, à l’œil nu, savoir repérer les traces du passé.
Matérielles ou idéelles, bien commun, celles qu’ont laissées les Gaulois ne sont pas moins à négliger que d’autres. »

Marc DECOUDUN
articles@marenostrum.pm

Garcia, Dominique, « Les Gaulois à l’œil nu », CNRS Editions, « A l’œil nu », 12/05/2021, 1 vol. (155 p.), 19€

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