“Socrate in Love” English version
When starting to learn philosophy, or even history, one will always start with what constitutes the cradle of Western civilization : ancient Greece. With it comes its most legendary thinker : Socrates. Iconic, untouchable, grandiose, Socrates is also a very mysterious figure who hasn’t left any written trace of its own. The major heritage of his teaching is found in the works of Plato and Xenophon, but those direct eyewitnesses only knew the teacher in his late years.
So, who really was Socrates ? With Socrates in Love, Armand d’Angour leads a quest, an investigation even to find the historical Socrates, putting aside the mythical one. The Classicist is using the same methods of source examination and critique many have used for the study of Jesus before him.
He is rejecting the “too ugly, too poor, too old” philosopher, for a young man of action, a warrior, and a lover. Even though Socrates was destined to be an extravagant, a thinker, as his daimonion and the Pythia’s oracle seem to prove, Armand d’Angour argues that there is more to Socrates’ story. For him, love is what transformed the experienced soldier into the most prominent and mythical philosopher of all times.
“At what stage did the career of Socrates as a man of action yield to that of Socrates as above all a thinker, and why did that change happen? The evidence leads us insistently, in my view, to a much earlier period of his life, and ultimately to the title of this book : the story of Socrates in love”
According to Plato’s Symposium, Socrates was advised in his youth on the subject of love by an older woman called Diotima. The one whose names means “honoured by Zeus” may well have been a fictional character, references to her name only been found in the works of Plato and Lucian. For the author, it makes no doubt that Diotima is the ghost of Socrates’ past love, the shadow of the woman who changed his life. Armand d’Angour, reading between the lines of Plato believes that her to be Aspasia, a non-Athenian woman who lived with Pericles for sixteen years as man and wife. Socrates’ love for Aspasia can also be found in the way he protects her nephew, Alcibiades, who the philosopher rescued on the battlefield, out of love. The author even goes as far as affirming that Socrates’ last vow to the God Asclepius, which he made in prison, was to heal his former lover of her growing illness.
“To find an occasion for Socrates to have been ‘in love’, then, we should look into accounts of his youth or early manhood, when he was, according to both direct and indirect evidence, a keen dancer, a fit solder, and an active womaniser. There we might discover someone with whom the young Socrates, in a manner appropriate to the social circumstances of his time and place, might have been ‘in love’”
Armand d’Angour presents us with a Socrates we have never seen before. He places him at the heart of the Athenian society, and not against it, as we are often used to see him. He is a soldier affected by arbitrary political decisions, and a lover, trapped in a love triangle with Greece’s most powerful man. The Author offers us the narrative of a sensitive man. Socrates comes to life in a new light; here we are, rid of the cumbersome mythical figure created by Plato and Xenophon. Armand d’Angour achieved a masterstroke, he has rendered Socrates approachable, lively. He gave him back his human condition, leaving him out of his legendary façade.
Quand on commence à apprendre la Philosophie, ou même l’Histoire, on part toujours de ce qui constitue le berceau de la civilisation occidentale : la Grèce antique. Et avec elle vient son penseur le plus légendaire : Socrate. Iconique, intouchable, grandiose, père fondateur de la philosophie, Socrate est aussi un personnage mystérieux qui n’a laissé aucune trace écrite. L’héritage majeur de son enseignement se trouve dans les œuvres de Platon et de Xénophon, mais ces témoins directs n’ont connu le professeur que dans ses dernières années.
Alors, qui était vraiment Socrate ? Avec “Socrate amoureux”, Armand d’Angour mène une quête, une enquête pour retrouver le Socrate historique, en laissant de côté le mythe. Le professeur de lettres classiques utilise les mêmes méthodes pour analyser et critiquer les sources que les théologiens dans le cadre de l’exégèse chrétienne.
Comme le but de ses biographes était de montrer que Socrate fut injustement mis à mort – c’est ce qu’on appelle leur visée “apologétique” –, son histoire est souvent racontée à rebours : elle commence par son procès et sa mort, avant d’évoquer parfois, mais c’est loin d’être toujours le cas, les années qui les ont précédés.
L’auteur rejette l’image d’un philosophe : “trop laid, trop pauvre, trop vieux”, pour celle d’un jeune homme d’action, un guerrier et un amant. Même si Socrate était destiné à être un personnage extravagant, un penseur, qui se laissait guider par une voix intérieure qu’il appelait son « daïmon » Armand d’Angour soutient que, dans le cas de Socrate, l’amour a transformé le soldat expérimenté en philosophe le plus éminent et le plus mythique de tous les temps.
À quel moment de la vie de Socrate la carrière de l’homme d’action a-t-elle fait place à celle du philosophe, et pourquoi ce changement s’est-il produit ? Les preuves nous conduisent avec insistance, à mon avis, à une période beaucoup plus ancienne de sa vie et, finalement, au titre de ce livre : l’histoire de Socrate in Love (ou Socrate amoureux).
Selon le “Symposium” de Platon, Socrate a été conseillé dans sa jeunesse sur le sujet de l’amour par une femme plus âgée appelée Diotima. Celle dont le nom signifie “honorée par Zeus” pourrait toutefois être un personnage fictif, les références n’ayant été trouvées que dans les œuvres de Platon et de Lucien. Pour l’auteur, il ne fait aucun doute que Diotima est le fantôme de l’amour passé de Socrate, l’ombre de la femme qui a changé sa vie. Armand d’Angour, lisant entre les lignes de Platon, pense qu’elle est Aspasie, une femme qui n’était pas athénienne, et qui a vécu avec Périclès pendant seize ans. L’amour de Socrate pour Aspasie se retrouve aussi dans la façon dont il protège son neveu, Alcibiade, que le philosophe a sauvé sur le champ de bataille, par amour. L’auteur va même jusqu’à affirmer que le dernier vœu de Socrate en prison au Dieu Asclépios, était de guérir son ancien amant de son incurable maladie.
À quelle occasion Socrate a-t-il été amoureux ? Pour le savoir, nous devrions étudier les récits sur son adolescence ou sa jeunesse, quand il était, selon les témoignages directs et indirects, un danseur passionné, un bon soldat, et un fringant coureur de femmes. Nous pourrions alors découvrir celui ou celle dont le jeune Socrate aurait été “amoureux” en fonction de son milieu et de son époque. Nous pourrions constater qu’il a même vécu le genre de relation amoureuse capable de le conduire à une réflexion originale sur l’amour lui-même et sur d’autres aspects fondamentaux de la vie et du comportement humain qui, plus tard, feront l’objet de toute son attention.
Armand d’Angour nous dépeint un Socrate que nous n’avons jamais vu auparavant. Il le place au cœur de la société athénienne, et non pas contre elle, comme il est trop souvent présenté. C’est un soldat affecté par des décisions politiques arbitraires, et un amant piégé dans un triangle amoureux avec l’homme le plus puissant de Grèce. L’auteur nous offre le récit d’un homme sensible. Socrate prend vie sous un nouveau jour ; nous voici débarrassés de la lourde figure mythique créée par Platon et Xénophon. Armand d’Angour a réussi un coup de maître. Il a rendu Socrate accessible, vivant. Il lui a redonné sa condition humaine, le laissant hors de sa sempiternelle et légendaire figure.
Armand D’Angour est professeur de Lettres classiques à l’Université d’Oxford, fellow et tuteur au Jesus College. Auteur de “The Greeks and the New” (2011), une enquête sur le rapport de la Grèce antique à la nouveauté et à l’innovation, il a beaucoup écrit sur la poésie grecque et latine, la musique et la littérature antiques, et a été chargé de composer des odes en grec ancien pour les Jeux olympiques d’Athènes (2004) et de Londres (2012). Il a également reçu une formation de pianiste et de violoncelliste, et a récemment mené une projet de reconstitution de la musique grecque ancienne à partir de documents originaux inscrits sur la pierre et le papyrus.
Éliane BEDU
contact@marenostrum.pm
D’Angour, Armand, “Socrate in love : une éducation philosophique et sentimentale”, Albin Michel, 10/02/2021, 1 vol. (255 p.), 21,90€
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