Temps de lecture approximatif : 3 minutes

Michel Tognini & Gilles Macagno, Un café dans l’espace, Humensciences, 18/10/2023, 1 vol. (121 p.), 14,90€.

Publiée dans par les éditions HumenSciences, qui ont pour but de démocratiser la connaissance scientifique, la bande dessinée Un café dans l’espace raconte le parcours hors normes de Michel Tognini et ses missions scientifiques.

Une vocation précoce, un long cheminement

C’est de façon chronologique que Michel Tognini construit son récit, de son enfance à nos jours. Une vocation initiée à l’âge de sept ans, à Dakar par des parents qui travaillaient pour Air France et les pilotes qu’ils recevaient. Élève très moyen à son retour en France, donc peu destiné à un tel avenir, il a pu bénéficier de l’enseignement d’un professeur qui lui a transmis son enthousiasme pour les mathématiques. D’abord élève de classes préparatoires, il a finalement choisi d’intégrer l’école des pupilles de l’air de Grenoble, puis l’école de l’air d’Aix en Provence, un apprentissage qu’il détaille et qui lui a permis de devenir pilote de chasse. En parallèle à ses années de formation débutait l’aventure spatiale, marquée par la figure de Gagarine et les premiers pas de l’homme sur la lune en 1969. Passant du récit individuel à l’épopée de l’espace, l’auteur livre un témoignage passionnant de son parcours. Après diverses expériences professionnelles, il se présente enfin à la sélection des spationautes, dont il décrit en détail les difficultés, tant intellectuelles que physiques ou psychologiques. Avec Jean-Loup Chrétien il rejoint enfin la Cité des Étoiles en Russie, sur laquelle il livre un précieux témoignage : conditions de travail, anecdotes, confidences de cosmonautes dans l’espace d’un sauna exempt de micros. L’amitié de Jean-Loup Chrétien constitue un atout pour cette difficile préparation aux missions qui l’attendent, d’autant qu’il se trouve immergé dans un milieu entièrement russophone.

Un premier vol inoubliable

Son premier vol dans l’espace a lieu en juillet 1992, depuis la base de lancement de Baïkonour au Kazakhstan. Il évoque les rituels préparatoires, planter un arbre sur l’allée des Cosmonautes, regarder un western, apposer sa signature sur la porte de sa chambre. Il raconte son premier vol dans la fusée Soyouz, qu’il décrit de façon technique, mais sans omettre pour autant ses sensations et ses sentiments. Le récit dépeint avec précision les manœuvres de l’engin, illustrées par les dessins de Gilles Macagno, puis l’accueil qui leur est fait, autour d’un café, dans la station spatiale. “Nous étions à 350 km de la terre, dans le vide de l’espace. On n’oublie pas un tel moment d’humanité !” Cet instant, qui sur terre paraîtrait banal, devient un moment privilégié par sa localisation, et donne son titre à la bande dessinée.
Michel Tognini raconte aussi les conditions de vie dans la station spatiale, la difficulté à se repérer, la sensation de flottement conférée par l’apesanteur, l’émerveillement suscité par la contemplation de la terre depuis l’espace, et le sentiment d’humilité qu’il éprouve face à l’immensité du cosmos, cette humilité qu’a dû ressentir le pionnier Youri Gagarine. Le retour sur terre donne aussi lieu à d’autres précisions.

L’épopée spatiale, entre passé, présent et futur

Enfin, l’auteur relate l’histoire de l’épopée spatiale, avec ce sentiment de compétition qui l’a animée durant la guerre froide. Il met l’accent sur le tournant qu’a constitué la mission ASTP, première mission conjointe entre l’Union soviétique et les États-Unis en 1975, et la célèbre poignée de main entre Tom Stafford et Alexei Leonov. Enfin, il met en évidence la relativité du coût de la conquête spatiale, par rapport aux nombreuses avancées scientifiques qu’elle permet, tant dans la connaissance de l’univers et de la Terre que la médecine, la miniaturisation des objets, avant de décrire ses orientations futures.

Un beau témoignage, restitué dans une BD aussi passionnante que didactique, dont la lecture pourrait éveiller des vocations scientifiques, en particulier chez les filles. Lisible par tous publics, jeunes ou adultes, elle ne cache aucune des difficultés du métier, mais met l’accent sur le désir et la passion qui animent les spationautes. Les dessins de Gilles Macagno, auteur lui-même d’ouvrages scientifiques, permettent de visualiser certains propos, et le choix de la bande dessinée permet, sous une forme ludique, la transmission de savoirs.

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Chroniqueuse : Marion Poirson-Dechonne

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