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À première vue, il semblerait qu’il n’existe aucun lien entre la Méditerranée et Billy Wilder, célèbre réalisateur américain d’origine autrichienne. Et pourtant, Jonathan Coe nous prouve le contraire avec son dernier roman. En effet, en 1977, Billy Wilder tourne une partie de son film “Fedora” (1978) entre Corfou et Leucade en Grèce.
Au début du roman, la narratrice, Calista Frangopoulou se remémore, près de quarante plus tard, sa rencontre fortuite avec le réalisateur, aux États-Unis, quelques mois avant le début du tournage. Ignorante en matière de cinéma, ayant grandi dans une Grèce marquée par la censure sous la dictature des colonels, la jeune femme se retrouve pourtant traductrice pour l’équipe de tournage puis assistante de I. A. L. Diamond un des plus proches collaborateurs de Wilder.
Connu pour des comédies à succès comme “Certains l’aiment chaud” (1959) ou “La garçonnière” (1960), le réalisateur est à cette période sur la fin de sa carrière. Avec “Fedora”, son avant-dernier film, il renoue avec la thématique de la vedette hollywoodienne déchue comme dans le célèbre “Boulevard du crépuscule” (1950). Le septième art est, à cette époque, en pleine évolution marquée par l’arrivée d’une nouvelle génération de réalisateurs parmi lesquels on compte Steven Spielberg, Francis Ford Coppola ou encore George Lucas. Ces derniers modifient l’esthétique du cinéma en utilisant les nouvelles technologies permises par le développement du numérique. À travers le personnage de Fedora, le réalisateur interroge aussi sa perte de notoriété dans l’univers du cinéma de la fin des années 1970.
Jonathan Coe mêle fiction et réalité puisqu’il s’appuie sur des témoignages réels de proches de Wilder ou insère directement des paroles authentiques du réalisateur. Mais la grande originalité du roman est de nous offrir une cinquantaine de pages écrites sous la forme d’un script. C’est dans ce passage captivant et sombre que Billy Wilder revient sur sa fuite d’Europe pendant la Seconde Guerre mondiale. Malgré des notes d’humour distillées dans le roman, le tournage de “Fedora” permet donc aussi à Wilder une introspection sur son passé douloureux.
“Billy Wilder et moi” est un roman plaisant et touchant qui montre l’envers du décor sur l’univers du septième art. Il entraîne le lecteur sur le tournage du film, entre la Grèce, Munich et Paris, dans le sillage intime d’un géant du cinéma, dont les films conservent un charme extraordinaire à redécouvrir absolument.

Marine MOULINS
articles@marenostrum.pm

Coe, Jonathan, “Billy Wilder et moi”, traduit de l’anglais par Marguerite Capelle, Gallimard, “Du monde entier”, 08/04/2021, 1 vol. (295 p.), 22€

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