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Jean-Philippe de Tonnac, Le cercle des guérisseuses, G. Trédaniel, 19/03/2019, 1 vol. (308 p.), 19,90€.

Jean-Philippe de Tonnac ne pouvait pas rendre un plus bel hommage aux femmes. À celles que l’on appelle à tort « le sexe faible ». Il ne pouvait pas non plus publier son récent ouvrage Éloge de la vulnérabilité des hommes – du masculin blessé au masculin sacré avant d’avoir rendu justice aux femmes et de les avoir repositionnées à la place qui leur échoit, puisque ce sont elles qui sont à l’origine de la vie – à l’origine du monde – et qui portent en gestation les humains qui peuplent la Terre. L’auteur a été à la rencontre de ces guérisseuses qui ont toutes en commun une vie de souffrance; souffrance dépassée et sublimée au point de les amener à soigner les autres, dans un magnifique élan de gratitude et d’empathie qui représente pour Jean-Philippe de Tonnac « l’accès à un monde que l’on avait perdu ». Cet article de Bélinda Ibrahim est paru à l’occasion de la journée internationale des droits de la femme sur le Site d’ICI BEYROUTH.

Aller à la découverte de cet ouvrage fascinant, c’est oser effectuer un parcours initiatique, à l’instar de celui que Jean-Philippe de Tonnac a fait pour guérir lui-même par le biais des différents soins que ces guérisseuses proposent aux quatre coins de la France, en Suisse et au Canada. Il a effectué un long voyage, traçant son chemin avec autant de stations qu’il le fallait afin d’assouvir sa quête. On pourrait aisément qualifier ses arrêts de « christiques », empruntant un mot qui appartient au lexique religieux, sans offenser les croyants, puisqu’il est question de spiritualité et de connexion avec les forces de l’Univers. Ce parcours s’apparente à un chemin de croix symbolique, avec des étapes jalonnées de rencontres, d’apprentissages et de guérisons. L’arrivée importe peu lorsque, tout le long du parcours, le sentier est parsemé de lucioles, tels des guides, auréolées de lumière, qui se trouvent sur le passage pour indiquer la voie au promeneur; celui-là même qui est déterminé à rencontrer une de ces femmes au pouvoir magique qui apaisent toutes sortes de souffrances. Ce voyage initiatique que Jean-Philippe de Tonnac a effectué est né de la curiosité d’en apprendre davantage sur ces guérisseuses. S’il a réussi à le mener à son terme, c’est parce que – invariablement – chaque découverte en appelait une autre. Un peu comme si toutes ces femmes guérisseuses étaient liées par un fil invisible et que, afin que la quête absolue aboutisse, il fallait les connaître toutes.
Voilà comment Jean-Philippe de Tonnac présente son ouvrage :

Je suis allé à la rencontre de guérisseuses en France, en Suisse, au Canada. Que faut-il entendre par guérisseuses? Des femmes qui prennent en charge les maux qui ne trouvent plus aucune écoute, qui prennent indistinctement soin du corps et de l’âme, qui soignent à partir de dons. Vous pouvez les appeler aussi bien énergéticiennes, magnétiseuses, naturopathes, médiums, exorcistes, écothérapeutes, chercheuses en mémoire cellulaire, chamanes. Elles sont pour notre temps celles que les pouvoirs temporels et spirituels ont autrefois empêché d’exercer, persécutées avant de les faire disparaître par le feu. À chacune, j’ai demandé de me dire la manière dont elle était devenue guérisseuse, les dons qui entraient dans son travail de guérison, la place qu’elle occupait dans la vie de ses patients. Pour connaître leur art, j’ai reçu de leur part un soin, parfois plusieurs. C’est la notion de "maladie" et de "guérison" qu’interroge en profondeur ce voyage. En écoutant adolescent les garçons parler des filles, en découvrant le peu de place fait aux femmes dans nos sociétés, j’ai souvent eu honte d’être un homme. Aller au-devant de ces guérisseuses était pour moi d’abord un chemin en réparation. Parce qu’elles ont su se relever de leurs blessures, ces femmes peuvent venir au secours de leurs semblables. Elles incarnent la puissance du féminin dont nous avons, hommes et femmes, si terriblement peur, une peur qui a justifié qu’on discrédite longtemps leur art né de l’expérience et de l’élan d’apaiser. Elles représentent pour moi l’accès à ce monde que nous avons perdu.

Et ce monde perdu, qui est celui que nous pourrions entretenir avec l’invisible, est-il seulement l’apanage de la femme? C’est une évidence, car l’homme demeure conditionné à développer sans cesse la violence et la haine, se privant ainsi des possibilités qu’il a d’accéder à un monde subtil. La femme, comme la maladie, est là pour réparer. Si la nature, dans son livre, a inscrit les troubles de notre organisme, c’est pour en retirer un avantage pour la connaissance des mondes invisibles. La femme est là pour transmettre ce secret qu’elle entrevoit lors de douleurs de l’accouchement. Plus le corps souffre, plus les âmes s’élèvent, et c’est ce que démontre merveilleusement bien Jean-Philippe. Il fait partie de ces êtres sensibles qui ont compris combien en souffrant, on devient pur et combien on progresse dans l’échelle des êtres. Mais que serait la douleur sans l’espérance? C’est cet espoir de guérison – qui ne peut exister qu’en nous-mêmes – que nous proposent toutes ces guérisseuses. Il faut avoir confiance en elles afin de triompher du plus grand et terrible ennemi caché dans notre cœur: nous-mêmes.

La sublimation engendrée par les blessures de la vie

Et ce monde perdu, qui est celui que nous pourrions entretenir avec l’invisible, est-il seulement l’apanage de la femme? C’est une évidence, car l’homme demeure conditionné à développer sans cesse la violence et la haine, se privant ainsi des possibilités qu’il a d’accéder à un monde subtil. La femme, comme la maladie, est là pour réparer. Si la nature, dans son livre, a inscrit les troubles de notre organisme, c’est pour en retirer un avantage pour la connaissance des mondes invisibles. La femme est là pour transmettre ce secret qu’elle entrevoit lors de douleurs de l’accouchement. Plus le corps souffre, plus les âmes s’élèvent, et c’est ce que démontre merveilleusement bien Jean-Philippe. Il fait partie de ces êtres sensibles qui ont compris combien en souffrant, on devient pur et combien on progresse dans l’échelle des êtres. Mais que serait la douleur sans l’espérance? C’est cet espoir de guérison – qui ne peut exister qu’en nous-mêmes – que nous proposent toutes ces guérisseuses. Il faut avoir confiance en elles afin de triompher du plus grand et terrible ennemi caché dans notre cœur: nous-mêmes.

Les femmes que j’ai invitées dans ces pages et qui ont accepté mon invitation sont des servantes de la vie, des guérisseuses d’âme et de corps, des bienfaits qui réveillent notre désir de faire en sorte que la volonté de préserver, de protéger, de réparer l’emporte sur la volonté de détruire. Nous détruire. Notre espèce se suicide, mais, dans le même temps, des femmes se penchent sur les plaies de nos âmes. La vie, pendant que nous l’insultons, plus déterminée que jamais, peut-être, travaille à sa perpétuation et à notre éveil, un éveil spirituel.

Il n’est pas de plus bel hommage, en ce 8 mars où l’on fête la journée internationale des droits de la femme, que de faire connaître cet ouvrage aux femmes et aux hommes et leur faire offrande de l’inestimable talisman que l’auteur donne à ses lecteurs. La clé de la sérénité se trouve, sans aucun doute, au sein même de cet opus atypique. « La vie, pendant que nous l’insultons, plus déterminée que jamais peut-être, travaille à sa perpétuation et à notre éveil. Un éveil spirituel. »

Image de Bélinda Ibrahim

Bélinda Ibrahim

Chef du service Culture D'Ici Beyrouth

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