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Philippe Bordeyne, Familles en quête de Dieu, Le Cerf, 04/05/2023, 1 vol. 19€

Lors d’une rencontre à l’Institut pontifical Jean-Paul II pour les sciences du mariage et de la famille, le pape François avait clairement défini les enjeux.

La famille reste une grammaire anthropologique irremplaçable des affections humaines fondamentales. La force de tous les liens de solidarité et d'amour apprend ses secrets là, dans la famille. Lorsque cette grammaire est négligée ou perturbée, c'est tout l'ordre des relations humaines et sociales qui en subit les blessures.

C’est à la redécouverte de l’importance de cette aventure familiale comme à son bien-fondé sociétal et théologique que s’emploie Mgr Philippe Bordeyne dans Familles en quête de Dieu. Des orientations pastorales pour des temps nouveaux, comme indiqué dans le sous-titre de l’ouvrage, qui peuvent constituer une précieuse boussole pour un monde, de jour en jour, plus dérégulé.
Car c’est un véritable défi que de vouloir redonner sens aux vertus familiales, tant celles-ci sont confrontées dans leur vie quotidienne à de multiples transformations anthropologiques. Une mutation affectant en profondeur la manière d’être homme et femme, que les évêques conciliaires avaient cependant pressentie comme l’auteur y fait allusion en citant le début de la constitution Gaudium and Spes.

Une métamorphose sociale et culturelle

Le genre humain vit aujourd’hui un âge nouveau de son histoire, caractérisé par des changements profonds et rapides qui s’étendent peu à peu à la surface du globe. Provoqués par l’homme, par son intelligence et son activité créatrice, ils rejaillissent sur l’homme lui-même, sur ses jugements, su ses désirs individuels et collectifs, sur ses manières de penser et d’agir, tant à l’égard des choses que de ses semblables. À tel point que l’on peut déjà parler d’une véritable métamorphose sociale et culturelle dont les effets se répercutent jusque sur la vie religieuse.

Autant de changements sujets à des transformations de grande ampleur, susceptibles de perturber le noyau familial, qui peuvent cependant s’avérer propices à réinventer un monde commun, analyse Philippe Bordeyne. C’est tout l’intérêt du deuxième chapitre de l’ouvrage axé sur le bond sans précédent des technologies. Si la révolution du numérique a renforcé l’individualisme et altéré de maintes façons le libre arbitre, elle peut également favoriser de nouvelles opportunités, suggère l’auteur.

Certes sa pratique quotidienne débouche sur un sentiment inédit d’isolement, sans compter les risques liés au stress comme à l’addiction aux images ou aux jeux. De même que la nouvelle économie du virtuel diminue la visibilité sociale d’un grand nombre de professions indispensables à la vie humaine.

Une métamorphose sociale et culturelle

Un processus apte à inverser le processus de transmission entre les générations, car les jeunes souvent plus agiles que leurs aînés dans le maniement des outils numériques, peuvent favoriser le lien familial. C’est pourquoi toute théologie de la famille doit passer aujourd’hui par une étape d’analyse, afin d’opérer un discernement et, dans la mesure du possible, rester maître de notre histoire.
Diplômé d’HEC, avant de devenir prêtre puis recteur de l’Institut catholique de Paris, Monseigneur Bordeyne avait au préalable œuvré en qualité d’aumônier de lycées puis dans la préparation au mariage et acquis, de ce fait, une large expérience qui l’autorise à plusieurs suggestions.
Ainsi, constatant la présence grandissante de jeunes et d’étudiants aux messes dominicales, il en évoque les bienfaits :

Parce qu’elle enseigne progressivement la résistance contre la fuite en avant dans la vitesse, la liturgie fait office d’antidote. Répétitive par essence, elle induit des effets positifs sur la formation morale des sujets qui la pratiquent.

Dans cette démarche de découvertes enrichissantes, l’auteur évoque également diverses initiatives comme l’accompagnement de personnes touchées par la précarité ou des séjours de plus en prisés dans les monastères.
« Par le choix du silence, de l’isolement et de la clôture, ces lieux conjuguent une grande altérité par la radicalité de leur forme de vie et une grande proximité que ressentent les citoyens dans la société actuelle », souligne-t-il.
Parce qu’il regroupe à la fois les aspects de la vie morale et ceux de la sexualité, ordonnancés autour de l’encyclique Amoris laetitia du pape François, le troisième chapitre : Une Église apprenante avec des familles apprenantes, est tout aussi instructive que pédagogique. Ce qui n’en obère pas moins la réalité.

Un espace de croissance dans la sainteté

Face à l’effondrement du nombre des mariages célébrés à l’Église, le recul de l’âge du mariage et le baptême des enfants qui précède bien souvent l’union des couples, les données ont changé.
Prenant en compte cette évolution, l’auteur suggère d’en saisir les opportunités :

Considérant que l’Église se doit d’être attentive aux choses de ce temps autant que d’enseigner la force d’amour évangélique, Mgr Bordeyne préfère donc opter pour un chemin d’espérance :

Face à l’effondrement du nombre des mariages célébrés à l’Église, le recul de l’âge du mariage et le baptême des enfants qui précède bien souvent l’union des couples, les données ont changé.
Prenant en compte cette évolution, l’auteur suggère d’en saisir les opportunités :

Ainsi rassurées, les familles peuvent devenir des laboratoires d’un monde commun plus respectueux de l’autre lorsqu’elles mettent en œuvre des pratiques innovantes qui, sans renoncer aux opportunités de relation offertes par les technologies du numérique, ménagent néanmoins des temps de déconnexion, de gratuité, de joies simples et de communication en profondeur à travers les médiations corporelles, psychiques et spirituelles propres à la vie familiale.

De façon telle, que chaque famille ainsi réhabilitée, soit invitée à croire qu’elle est appelée à devenir, avec la grâce de Dieu, un espace de croissance dans la sainteté, spécifie encore l’auteur.
Un plaidoyer bien étayé, accessible et pédagogique, qui ouvre un horizon nouveau pour les familles d’aujourd’hui.

Image de Chroniqueur : Michel Bolassell

Chroniqueur : Michel Bolassell

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