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« Si les meilleures choses ont une fin, il en va de même pour les pires ».
Les inconditionnels de la littérature japonaise moderne sont attirés par l’aspect original des œuvres, toutes empreintes du paradoxe qui fait la nature du Nippon : le bonheur et la souffrance. Tout comme les principales déités du panthéon shintoïste, Kannon, la déesse de la miséricorde et Hachiman, le dieu de la guerre, l’esprit du soleil levant ne peut séparer ces deux entités antagonistes.
A fortiori, lorsque des Occidentaux, les « Gaïjin », écrivent leur passion pour cette contrée lointaine, ils nous jettent à la face, pêle-mêle, cette contradiction héritée des temps lointains. C’est ce cri de désespoir et d’amour que Laura Imai Messina, dans son dernier ouvrage, nous lance de toutes ses forces.
Si on pouvait décrire le peuple japonais avec un seul mot, ce serait « résilience », car aucune autre civilisation n’a su à travers les siècles obscurs se relever avec autant d’énergie.

Ce roman, tiré d’une histoire vraie, se situe après le terrible tsunami de mars 2011. Un vieil homme et son épouse décident d’installer une cabine téléphonique près de chez eux, sans liaison, pour permettre aux personnes de parler à ceux avec qui le contact a été coupé. Deux êtres, saccagés par le malheur, s’y rendent pour expier la faute d’être toujours en vie. Yui, la chroniqueuse radio, a perdu sa mère et sa fille dans la vague scélérate, Takeshi, le chirurgien, père d’une très jeune fille, a vu s’éteindre son épouse d’un cancer.
Là-bas, ils rencontrent d’autres personnes, jeunes, âgés, hommes, femmes, qui utilisent ce moyen unique afin de libérer leur conscience, confier leurs petits secrets ou tout simplement pour enfin libérer leur parole face aux êtres chers qui ne sont plus présents car, s’il est un aspect de la personnalité nippone qui nous effraye, c’est cette pudeur abyssale, cette difficulté à exprimer ses sentiments dans le quotidien.
Yui parviendra-t-elle à se pardonner d’avoir survécu ? Takeshi pourra-t-il libérer sa fille des affres du mutisme ? Avec leurs nouveaux amis, pourront-ils envisager de se reconstruire un jour, ou bien accepteront-ils de continuer à survivre ?

Au-delà du deuil, étape terrifiante mais promise à chacun d’entre nous, Laura Imaï Messina, nous prend la main et nous accompagne dans les méandres de la culpabilité et du remords dans lequel les personnages se débattent avec pour seul espoir de confier leur mal-être au vent. En s’abandonnant à cette thérapie mise en place par pur altruisme par ce couple de retraités, chacun cherchera, non pas le bonheur, l’espoir ou le futur, mais voir, comme un soleil aveuglant, se produire le plus merveilleux des miracles : l’Amour.

Renaud MARTINEZ
articles@marenostrum.pm

Imai Messina, Laura, « Ce que nous confions au vent », traduit de l’italien par Marianne Faurobert, Albin Michel, « Romans étrangers », 31/03/2021, 1 vol. (282 p.), 19,90€

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