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Ce court essai, paru en début d’année, adopte un point de départ original : comparer l’Italie et la Tunisie, deux pays que l’on ne songerait pas spontanément à confronter. En effet, dans la presse et la littérature, l’Italie est souvent associée aux autres pays dits latins, Espagne, France et Portugal, tandis que la Tunisie est analysée au regard de ses voisins du Maghreb, Maroc et Algérie. Pourtant, Italie et Tunisie ont bien plus de points communs qu’on ne pourrait le supposer. C’est cette parenté que l’auteur, enseignant en langue et civilisation italiennes, cherche à mettre en lumière dans son ouvrage.
Sur le plan géographique, ces pays ne sont en réalité séparés que par une centaine de kilomètres de mer, au niveau du canal de Sicile. Entre les rives opposées, Pantelleria et l’archipel des îles Pélages prolongent cette “constellation relationnelle, tel le Petit Poucet qui aurait semé des graines de fertilisant culturel entre les deux mondes”. La “Mare Nostrum” loin d’être une frontière fermée a, depuis l’Antiquité, toujours été un espace d’intenses échanges aussi bien économiques que culturels ce qui rend cette étude pleine de pertinence.
La première partie de l’essai ambitionne de définir ce qu’est l’identité italienne et notamment cette dolce vita devenue proverbiale. Pour servir sa démonstration, l’auteur s’appuie sur la riche histoire de ce territoire dont l’unité en tant que pays est relativement récente. Avec beaucoup d’érudition mais jamais de pédanterie, il s’attelle à chercher dans le passé ce qui pourrait expliquer la spécificité de l’Italie contemporaine, notamment la tension qui existe entre centralisation et décentralisation. Sur le plan politique, il fait remonter l’extravagance dans le verbe de certains dirigeants comme Silvio Berlusconi, Matteo Salvini ou l’humoriste Beppe Grillo à l’époque des orateurs romains, à l’instar de Cicéron resté célèbre pour la théâtralité de sa rhétorique. Pour Lozato, l’Italie demeure “la patrie des arlequins politiciens”.
Les relations entre les territoires des actuelles Tunisie et Italie remontent elles aussi à l’Antiquité, avec les Guerres Puniques et le célèbre “Carthago delenda est” de Scipion. Si la langue française, suite à la colonisation, reste très présente en Tunisie, c’est aussi le cas de la langue italienne qui a laissé son empreinte dans le langage quotidien : “autostrada” (autoroute) a donné “outoustrad” et la locution “d’accordo” est devenue une expression courante dans les rues de Tunis. Inversement, l’italien s’est enrichi de termes arabes, que l’on retrouve dans des noms de localités ou des patronymes.
Si l’on peut regretter la brièveté de l’ensemble et l’absence de sources qui ne permettent pas d’approfondir les arguments avancés par l’auteur, cette lecture a néanmoins le mérite de stimuler agréablement la réflexion.

Jean-Philippe GUIRADO
articles@marenostrum.pm

Lozato, Jean-Guillaume, “Italie et Tunisie : entre miroir réfléchissant et miroir déformant : la désarticulation italienne et tunisienne”, Saint-Honoré éditions, 29/01/2021, 1 vol. (80 p.), 10,90€

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