Version française
« Du whisky, l’art de la guerre et une aventure écossaise comme nulle autre », c’est ainsi que Graham McTavish et Sam Heughan ont intitulé leur ouvrage, et, plus qu’un long discours, il faut se référer aux chiffres. Numéro 1, Best-Seller du « New York Times », numéro 1 Best-Seller du « Sunday Times », numéro 2 Best-Seller « d’Audible », « Clanlands » est donc l’ouvrage de référence outre-manche et aux Etats Unis.
L’histoire de l’Écosse est compliquée et sanglante. Entrelacée avec l’histoire européenne, celle de la nation de Robert Bruce est également isolée, ancrée dans les Highlands où le temps semble avoir été suspendu, ou du moins il l’était jusqu’en 1746.
L’histoire de l’Écosse est aussi une histoire volontairement occultée. Tout le monde se souvient d’Azincourt, de Trafalgar et de Waterloo, mais qui se souvient de Culloden et Prestonpans ? Même si la série télévisée « Outlander », au sein de laquelle les deux auteurs du livre tiennent les rôles principaux, a mis en lumière la culture des Highlands et la révolte jacobite de 1745, l’histoire de l’Écosse demeurait méconnue. Graham McTavish concède qu’elle est une question de perspective, et que « Outlander » a participé à romancer le jacobinisme, lequel, soyons honnêtes, ne ressemblait pas aux quelques batailles servant de toile de fond à l’histoire d’amour d’une guérisseuse voyageuse dans le temps et d’un Highlander du XVIIIe siècle. Même sans « Outlander », l’image attachée aux Stuart et à leurs partisans est glorieuse. Celle de la guerre et de la nostalgie. C’est l’image d’un « beau prince qui essaie de reconquérir sa patrie. Le son des cornemuses, de braves Highlanders plongeant vers la mort » comme le dit Graham McTavish. Peu de gens se souviennent que Charles Stuart envoya ses hommes épuisés à la rencontre de leur créateur par une journée boueuse d’avril 1746, et qu’en moins d’une heure et demie, jusqu’à 2 000 Jacobites moururent dans la lande. Les Corries ont parfaitement capturé l’essence de Culloden dans la chanson du « Skye Boat » :
Many’s the lad fought on that day
Well the claymore did wield
When the night came, silently lain,
Dead on Culloden field.
Nombreux sont ceux qui se sont battus ce-jour là
Ils ont bien manié l’épée à double tranchant
Quand la nuit vint, silencieusement couchés
Morts sur la lande de Culloden.
Peut-être que l’aventure écossaise de Sam Heughan et Graham McTavish vise à rétablir les faits, en montrant l’Écosse telle qu’elle est : un pays fascinant avec cette douloureuse et sanglante histoire. Tout cela entre deux bons repas et de dangereuses balades à vélo ou à moto. « Clanlands » n’est pas un livre d’histoire, et c’est ce qui le rend si attachant. C’est une conversation entre deux bons amis qui aiment se taquiner ; des amis qui racontent leur voyage à travers l’Écosse, ne nous épargnant aucune de leurs pensées ni de leurs blagues, alors qu’ils essaient de saisir l’éthos de leur pays et d’en savoir plus sur leurs ancêtres. « Clanlands », c’est une bonne « rigolade » garantie. Le naturel des auteurs et leur amour pour l’Écosse font voyager le lecteur comme aucune autre œuvre n’est parvenue à le faire.
Au cours de leur tournée, ils visitent de nombreux châteaux, certains plus effrayants que d’autres. Ils évoquent l’histoire d’Écossais mémorables, comme celle du fervent Jacobite Donald Cameron de Lochiel, qui fut blessé à Culloden et s’échappa de Grande-Bretagne avec Charles Stuart en septembre 1746. Sam et Graham rencontrent des personnages toujours plus déroutants, comme Simon Fraser de Lovat, dont la véritable loyauté, qu’elle soit envers les Stuart ou les Hanovriens, reste un mystère à ce jour. Ils ont croisé la route de voleurs, comme Rob Roy MacGregor. Ces histoires individuelles, qui constituent l’Écosse, font toutes partie d’une histoire plus vaste, celle de la culture des Highlands et de ses clans qui se sont battus et trahis sans relâche, comme l’ont fait les Campbells lorsqu’ils ont massacré les Glencoe MacDonalds. Un autre événement que les Corries n’ont pas manqué d’ancrer dans l’histoire avec une autre chanson.
Cependant, c’est la révolte de 1745 qui obtient une place principale dans « Clanlands ». Contrairement à ce que l’on pourrait penser, le dernier soulèvement jacobite n’est pas un événement sans importance et qui aurait impliqué quelques Écossais. C’est une affaire européenne. En exil, James Francis Edward Stuart, surnommé le « Vieux Prétendant » et son fils Charles, résidaient à Rome aux frais de l’Église. Charles a ensuite atteint Paris, où il planifia la rébellion. Représentant une lueur d’espoir, Charles Stuart semblait être le candidat idéal pour restaurer le catholicisme en Grande-Bretagne et instaurer la paix avec les pays européens. Cependant, malgré leur querelle avec les Hanovriens, les Français changèrent d’avis à la dernière minute et n’envoyèrent pas les troupes qu’ils avaient promises aux Stuart. De même, l’or espagnol n’a jamais atteint l’Écosse.
La fin de la révolte marqua la fin de la culture des Highlands. De 1746 à 1784, il fut interdit aux hommes de porter le kilt et le tartan. Les armes étaient prohibées. Le système de clans fut démantelé, les exterminations furent courantes et l’usage de la langue gaélique fut considérablement réduit. Les Britanniques tentèrent d’assimiler les Écossais à leur culture, évitant ainsi tout risque de rébellion et d’idéologie nationaliste. Et pourtant, fait étonnant, c’est en Ecosse que vont naître les premières loges maçonniques.
« Clanlands » tente de restaurer cette culture, et de l’étudier tout en ravivant le sentiment de « dualchas » (appartenance à une terre). Alors que les auteurs renouent avec leur terre natale, en explorant sa nature sauvage et son histoire, une aventure fantastique nous attend : visites de châteaux, traversées de lochs à la nage, voyages à travers les Highlands en camping-car, en tandem ou en randonnée, mais toujours avec une flasque remplie du meilleur whisky écossais…
English version
“Whisky, Warfare, and a Scottish Adventure Like No Other” is how Graham McTavish and Sam Heughan have presented their new book, and I must confess, I haven’t found a better way to describe it. #1 New York Times Bestseller, #1 Sunday Times Bestseller, #2 Audible Bestseller, Clanlands is the discovery of the season.
The history of Scotland is a complicated and bloody one. Intertwined with European history, that of Robert the Bruce’s nation is also an isolated one. Anchored in the Highlands where time seems to have been suspended, or at least it was until 1746.
Scottish history is a forgotten one. Everyone remembers Agincourt, Trafalgar and Waterloo, but who recalls Culloden and Prestonpans? Even though the TV series Outlander, in which both authors of this book star, has shed a light on the Highland culture and the Jacobite revolt of 1745, the history of Scotland remains unknown. Graham McTavish concedes that Scottish history is a matter of perspective, and that Outlander has participated in romanticising Jacobitism, which, let’s be honest, did not resemble the few battles serving as backdrop for the love story of a time-traveller healer and an 18th century Highlander. Even without Outlander, the image attached to the Stuarts and their supporters is a glorious one, one of warfare and nostalgia. It is the image of “a handsome prince trying to reclaim his homeland. The skirl of the pipes, brave Highlanders plunging to their deaths” as Graham McTavish puts it. Few remember that the Bonnie prince sent his exhausted men to meet their makers on a muddy day of April 1746, and that in less than an hour and a half, up to 2,000 Jacobites died on the moor. The Corries rightly captured the essence of Culloden in the Skye Boat song:
Many’s the lad fought on that day
Well the claymore did wield
When the night came, silently lain,
Dead on Culloden field
Maybe, the Scottish adventure that Sam Heughan and Graham McTavish are undertaking, is one which aims at setting the record straight, at showing Scotland for what it is: a fascinating country with a dark and bloody history. All of this between two good meals and dangerous bicycle or motorcycle drives. Clanlands is not a history book, and this is what makes it so special. It is a conversation between two good friends who love to tease each other. Friends who are recounting their tour across Scotland, sparing us none of their thoughts or jokes, as they try to grasp the ethos of their homeland and know more about their ancestry. Clanlands is a guaranteed good laugh. The authors’ naturalness and their love for Scotland makes the reader travel like no other book can.
On their tour, they visited many castles, some scarier than others. They recalled the stories of memorable Scots, like the fervent Jacobite Donald Cameron of Lochiel, who was injured at Culloden and escaped Britain by fleeing with the Bonnie Prince in September 1746. Sam and Graham then encountered more puzzling characters, such as Simon Fraser of Lovat, whose true loyalty to the Stuart or to the Hanoverians remains a mystery to this day. They crossed path with thieves, like Rob Roy MacGregor.
Those individual stories, which make up Scotland, are all part of a greater history, that of the Highland culture and of its clans. Clans which relentlessly fought and betrayed one another, as the Campbells did when they massacred the Glencoe MacDonalds, another event that The Corries did not miss to anchor in history with yet another song.
However, the rising of 1745 is a recurrent theme of Clanlands. That might be because, despite what is ordinarily believed, the last Jacobite rising was not a pointless event which involved a few Scots. It was a European matter. In exile, James Francis Edward Stuart, nicknamed the “Old Pretender” and his son Charles, resided in Rome at the expense of the Church. Charles then reached Paris, where he planned the rebellion. Representing a glimmer of hope, Bonnie Prince Charlie seemed to be the perfect candidate to restore Catholicism in Britain and instore peace with European countries. However, despite their feud with the Hanoverians, the French changed their mind at the last minute and did not send the troops they had promised the Stuarts. Similarly, the Spanish gold never reached Scotland.
The failing of the rising marked the end of the Highland culture. From 1746 up until 1784, men were prohibited from wearing kilts and plaid. Weapons were banned. The clan system was dismantled, clearances were made, and the use of Gaelic was considerably reduced. The British tried to assimilate the Scots into their culture, preventing any further risk of rebellion and nationalist ideology.
Clanlands is trying to restore that culture, or at least to investigate it while reviving a sense of dualchas (belonging to a land). As the authors reconnect with their homeland, exploring its wilderness and past, a fantastic adventure awaits us: visiting castles, swimming across lochs, and travelling across the Highlands by camper-van, tandem, or hiking, but always with a hip flask full of Scottish whisky.
Éliane BEDU
e.bedu@marenostrum.pm
Heughan, Sam & McTavish, Graham, « Clanlands: Whisky, Warfare, and a Scottish Adventure Like No Other », Hodder & Stoughton, 03/11/2020, 1 vol. (294 p.), £20.
Avant qu’il ne soit bientôt disponible en France retrouvez l’ouvrage sur le site de L’ÉDITEUR
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