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Jean-Pierre Obin, Les profs ont peur, Éditions de l’Observatoire, 11/10/2023, 1 vol. (176 p.), 20€.

Le titre du nouvel essai de Jean-Pierre Obin, paru le 11 octobre, prend une résonance pour le moins funèbre à la lumière de l’actualité récente. L’ambition de l’auteur était de dresser un état des lieux de l’école et de la laïcité, trois ans après le meurtre de Samuel Paty, décapité le 16 octobre 2020 devant son collège à Conflans-Sainte-Honorine. Le livre est d’ailleurs dédié à la mémoire de ce professeur d’histoire-géographie dont l’assassinat a ému la France entière. Il faudra désormais ajouter le nom de Dominique Bernard, professeur de lettres poignardé à mort devant son lycée d’Arras. Ce nouveau drame confirme que l’école n’est plus cet « asile inviolable où les querelles des hommes ne pénètrent pas » pour reprendre une formule de Jean Zay. Les professeurs sont bel et bien devenus des cibles de choix du fanatisme religieux.

Des atteintes à la laïcité en forte hausse

Sans doute, l’auteur se serait-il bien passé de jouer les Cassandre en tirant la sonnette d’alarme. Ancien inspecteur général de l’Éducation nationale, Jean-Pierre Obin a beaucoup écrit sur la condition enseignante et plus récemment sur les questions de religion et de laïcité en milieu scolaire. Son dernier ouvrage Comment on a laissé l’islamisme pénétrer l’école a d’ailleurs été récompensé par le prix Jean Zay en 2020. Contrairement à ce que son titre un peu racoleur pourrait laisser penser, Les profs ont peur n’est pas un énième pamphlet sur le malaise enseignant mais un essai précis et documenté qui s’appuie sur des études factuelles ainsi que des témoignages recueillis un peu partout en France. Le constat dont part l’auteur est que les atteintes à la laïcité et aux valeurs de la République dans des établissements scolaires connaissent une forte hausse depuis 2021. Toutes les enquêtes auprès des personnels le confirment et dressent un tableau plus alarmant que ne pourraient le laisser penser les statistiques officielles publiées par le ministère. Quelque 3500 signalements ont été recensés au cours de l’année scolaire 2021-2022, un chiffre déjà inquiétant mais qui ne serait en réalité que la partie émergée de l’iceberg. Si l’on en croit les données de l’IFOP, 30 % des 820 000 enseignants français déclarent avoir été confrontés au cours de la même période à une ou plusieurs contestations de cours. Cela représenterait ainsi au bas mot plus de 250 000 contestations… Dans la majorité des cas, les enseignants déclarent ne pas signaler les incidents dont ils ont été témoins ou victimes. Parce qu’ils ont le sentiment d’avoir apporté une solution en interne au problème, par honte ou par lassitude, beaucoup ne jugent pas utile d’en référer à leur hiérarchie. Et lorsqu’ils le font, certains chefs d’établissement ne sont pas toujours à l’écoute ni enclins à mettre en œuvre des mesures adaptées. Comme l’écrit Jean-Pierre Obin : « Cette attitude de défausse – la pusillanimité – a depuis trouvé un nom plus commode à prononcer : le pas-de-vaguisme ».

Une remise en cause des valeurs républicaines

Ces contestations plus ou moins véhémentes viennent compliquer le quotidien des professeurs dans l’exercice de leur métier. Les principales contestations n’affectent pas l’enseignement d’une discipline mais bien celle des valeurs. Ainsi, « l’égalité entre les hommes et les femmes, la mixité, la laïcité, la liberté de l’orientation sexuelle sont particulièrement vilipendées. » D’après les données disponibles, ce sont les professeurs qui travaillent dans les quartiers défavorisés de l’éducation prioritaire, ceux qui enseignent l’histoire-géographie et enfin les plus jeunes dans le métier qui se trouvent aux premières lignes. Un professeur sur quatre de moins de trente ans déclare avoir été victime d’une agression physique de la part d’élèves ou de parents. On trouvera dans le livre plusieurs témoignages de ces micro-agressions qui passent bien souvent sous les radars médiatiques. Beaucoup de professeurs admettent une forme de renoncement de leur part, lorsqu’ils font le choix de passer sous silence certains points des programmes qu’ils savent sujet à controverse. D’autres plaident pour un « assouplissement » des principes de la laïcité, pour limiter les situations conflictuelles.

Regarder la vérité en face : La défense d'une laïcité stricte

Ces contestations plus ou moins véhémentes viennent compliquer le quotidien des professeurs dans l’exercice de leur métier. Les principales contestations n’affectent pas l’enseignement d’une discipline mais bien celle des valeurs. Ainsi, « l’égalité entre les hommes et les femmes, la mixité, la laïcité, la liberté de l’orientation sexuelle sont particulièrement vilipendées. » D’après les données disponibles, ce sont les professeurs qui travaillent dans les quartiers défavorisés de l’éducation prioritaire, ceux qui enseignent l’histoire-géographie et enfin les plus jeunes dans le métier qui se trouvent aux premières lignes. Un professeur sur quatre de moins de trente ans déclare avoir été victime d’une agression physique de la part d’élèves ou de parents. On trouvera dans le livre plusieurs témoignages de ces micro-agressions qui passent bien souvent sous les radars médiatiques. Beaucoup de professeurs admettent une forme de renoncement de leur part, lorsqu’ils font le choix de passer sous silence certains points des programmes qu’ils savent sujet à controverse. D’autres plaident pour un « assouplissement » des principes de la laïcité, pour limiter les situations conflictuelles.

Image de Chroniqueur : Jean-Philippe Guirado

Chroniqueur : Jean-Philippe Guirado

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