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Sébastien de Courtois, La marche et le sacré : quelques pas vers l’éternité, Salvator, 25/04/2024, 1 vol. (144 p.), 14,90€

Sébastien de Courtois, écrivain et spécialiste reconnu des chrétiens d’Orient, nous offre avec La marche et le sacré un ouvrage singulier qui invite à reconsidérer notre rapport à la marche et à la spiritualité. Animateur et producteur de l’émission « Chrétiens d’Orient » sur France Culture, l’auteur puise dans ses nombreux voyages en Anatolie et en Syrie pour nous livrer une réflexion profonde sur la marche comme expérience spirituelle et métaphysique. À travers ce récit personnel et érudit, Sébastien de Courtois nous encourage à nous échapper du quotidien pour retrouver le sens du sacré, un thème central qui traverse l’ensemble de l’œuvre.

La marche, un moyen de découverte culturelle et spirituelle

Au fil des pages, Sébastien de Courtois nous entraîne dans ses périples en Anatolie et en Syrie, des terres chargées d’histoire et de spiritualité. Loin d’être une simple activité physique, la marche devient sous sa plume un véritable moyen de découverte culturelle et spirituelle. L’auteur nous montre comment, en arpentant ces sentiers millénaires, il a pu se reconnecter avec le sacré, cette dimension souvent oubliée dans nos sociétés modernes. Les rencontres qu’il fait en chemin, les échanges avec les populations locales, les vestiges des civilisations passées, tout concourt à faire de la marche une expérience initiatique et transformatrice.

Sébastien de Courtois insiste sur l’importance de la lenteur et de la contemplation dans ce processus de découverte. Loin de la frénésie du monde contemporain, la marche impose son propre rythme, invitant le voyageur à s’imprégner pleinement des paysages et des atmosphères qui l’entourent. C’est dans cette lenteur que se dévoile le sacré, dans les détails du quotidien, dans la beauté d’un coucher de soleil sur les montagnes d’Anatolie ou dans la quiétude d’un monastère syrien. L’auteur nous rappelle que la marche est aussi une forme de prière, un moyen de se relier à quelque chose qui nous dépasse, que l’on nomme cette chose Dieu, nature ou beauté.

Mais la marche n’est pas qu’une expérience solitaire et introspective. Elle est aussi, et peut-être surtout, une formidable occasion de rencontres et d’échanges. Sébastien de Courtois évoque avec poésie et humour les nombreuses personnes croisées sur sa route, des bergers aux moines en passant par les villageois et les enfants. Chaque rencontre est une invitation à découvrir l’autre, à s’ouvrir à des modes de vie et à des croyances différentes. La marche apparaît alors comme un formidable outil de dialogue interculturel et interreligieux, un moyen de tisser des liens entre les peuples et les civilisations.

S'échapper du quotidien pour retrouver le sens du sacré

Au-delà de la dimension culturelle et spirituelle, La marche et le sacré est aussi une invitation à s’échapper du quotidien pour retrouver le sens du sacré. Sébastien de Courtois nous montre comment la rupture avec nos habitudes et nos repères peut être un point de départ vers une expérience spirituelle plus profonde. En quittant le confort de nos vies ordinaires, nous nous ouvrons à de nouvelles perspectives, à de nouvelles façons de voir le monde et de nous percevoir nous-mêmes.

L’auteur compare la marche à une méditation en éveil, une manière d’être pleinement présent à l’instant et à ce qui nous entoure. Loin des distractions et des sollicitations incessantes de la vie moderne, la marche nous offre un espace de liberté et de contemplation. Elle nous permet de nous reconnecter à l’essentiel, à ces valeurs communes que sont le dépaysement, la beauté et la construction personnelle. En marchant, nous prenons le temps de nous émerveiller devant un paysage grandiose, de savourer la simplicité d’un repas partagé avec des inconnus, de ressentir la fatigue et la satisfaction d’un effort accompli.

Mais s’échapper du quotidien ne signifie pas pour autant tout quitter ou tout bouleverser. Sébastien de Courtois insiste sur le fait que la marche peut être vécue comme une parenthèse, un temps à part qui vient enrichir et nourrir notre vie ordinaire. Il ne s’agit pas de fuir la réalité, mais plutôt de la mettre entre parenthèses pour mieux y revenir, transformé et grandi par l’expérience vécue. La marche apparaît alors comme un moyen de retrouver un ancrage dans un monde en perpétuel mouvement, de se ressourcer aux valeurs essentielles que sont la beauté, le partage et la quête de sens.

L’auteur évoque également la dimension initiatique de la marche, cette idée que l’on ne revient jamais tout à fait le même d’un long périple à pied. En se confrontant aux aléas du chemin, aux rencontres imprévues et aux défis physiques et psychologiques, le marcheur se transforme imperceptiblement. Il apprend à mieux se connaître, à repousser ses limites, à faire confiance à la vie et à l’inconnu. La marche devient alors un véritable chemin de croissance personnelle, une école de la vie qui nous enseigne l’humilité, la persévérance et la gratitude.

Un manifeste pour donner une perspective à la marche

La marche et le sacré se présente aussi comme un manifeste pour donner une perspective nouvelle à la marche. Loin d’être une simple activité physique ou un loisir comme un autre, la marche se révèle être un formidable outil de développement personnel et spirituel. Sébastien de Courtois nous invite à reconsidérer notre rapport à cette pratique ancestrale en lui donnant trois dimensions essentielles : se souvenir, se recentrer et s’élever.

Se souvenir, tout d’abord, car la marche est aussi un voyage dans le temps et la mémoire. En arpentant les chemins d’Anatolie et de Syrie, l’auteur ne cesse de convoquer l’histoire de ces terres, les civilisations qui s’y sont succédé, les grands personnages qui les ont marquées. Marcher, c’est aussi marcher dans les pas de ceux qui nous ont précédés, c’est s’inscrire dans une continuité, une tradition qui nous relie à notre humanité commune. En marchant, nous convoquons nos propres souvenirs, nos propres expériences, et nous les mettons en perspective avec celles des autres, créant ainsi un vaste tissu de mémoire collective.

Se recentrer, ensuite, car la marche est un formidable moyen de se reconnecter à soi-même. Dans le silence et la solitude du chemin, nous sommes confrontés à nos pensées, à nos émotions, à nos doutes et à nos espoirs. La marche nous offre un espace de réflexion et d’introspection, un temps pour faire le point sur notre vie, nos choix et nos aspirations. En nous recentrant sur l’essentiel, nous apprenons à mieux nous connaître, à identifier ce qui nous fait vibrer et ce qui nous freine. La marche devient alors un véritable outil de développement personnel, un moyen de grandir et de s’épanouir.

S’élever, enfin, car la marche comporte aussi une dimension métaphysique. En nous reconnectant à la nature, à la beauté du monde et à notre propre intériorité, nous touchons à quelque chose qui nous dépasse, à une forme de transcendance. Sébastien de Courtois évoque les moments de grâce vécus sur les chemins, ces instants suspendus où le temps semble s’arrêter et où nous nous sentons profondément reliés à l’univers. La marche devient alors une expérience mystique, une manière d’accéder à une forme de spiritualité incarnée, ancrée dans le réel et le sensible.

On voyage pour changer non de lieu, mais d’idées

La marche et le sacré est un ouvrage inspirant qui nous invite à reconsidérer notre rapport à la marche et à la spiritualité dans un monde en quête de sens. Sébastien de Courtois nous offre un véritable manifeste pour une marche consciente et engagée, une marche qui ne se contente pas de parcourir des kilomètres mais qui cherche à nous élever vers une forme de sagesse et de plénitude.
En nous invitant à nous mettre en mouvement, physiquement et spirituellement, l’auteur nous rappelle que la vie est un voyage dont nous sommes les pèlerins, un chemin sacré qui ne demande qu’à être parcouru avec respect, curiosité et émerveillement. « La marche et le sacré » s’adresse à tous ceux qui cherchent à donner du sens à leur vie, à travers le prisme de la marche et de la spiritualité.
Ce récit personnel et lumineux est une invitation à oser la rencontre et la découverte, à s’ouvrir à la beauté et à la profondeur de l’existence. Un appel à nous lancer sur les chemins du sacré, ces chemins qui nous mènent de nous-mêmes vers nous-mêmes et vers ce qui nous dépasse, pour en ressortir plus riches et plus vivants.

Et puis comme l’a si bien dit Hippolyte Taine : « On voyage pour changer non de lieu, mais d’idées« …

Image de Chroniqueur : Jean-Jacques Bedu

Chroniqueur : Jean-Jacques Bedu

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